Intervention de Philippe Lecouvey

Réunion du 15 mars 2016 à 16h00
Commission des affaires économiques

Philippe Lecouvey, directeur général de l'Association coordination technique agricole (ACTA :

adame la présidente, mesdames, messieurs les députés, je vous remercie de nous donner l'occasion de vous présenter notre rapport.

Je concentrerai mon propos sur la priorité n° 3 qui consistent à fédérer tous les acteurs de la recherche, de l'expérimentation et du développement agricole, en appui d'une compétitivité qui perd en efficacité depuis quelques années. Cette priorité se décompose en trois axes.

Premier axe, l'innovation ouverte rassemble quatre projets, numérotés 22 à 25. Le projet 22 consiste à se réorganiser et à mobiliser les hommes en compilant toutes les innovations sur le terrain. C'est ce que nous avons demandé aux chambres d'agriculture de piloter. Il y a une force extraordinaire d'innovation sur le terrain qu'il faut mieux gérer, mieux recenser, de façon à la valoriser au mieux.

Le projet 23 est l'aboutissement d'un succès dans les formes collectives et partenariales qui existaient déjà entre tous nos outils. Il faut s'organiser, décloisonner la recherche, associer la R & D privée et organiser des équipes pour répondre à de grands défis sociétaux. La maladie du bois, par exemple, pourrait faire l'objet d'une gouvernance, afin de bénéficier de vraies équipes pilotées par des acteurs directement concernés.

Le projet 24 vise à créer des livings labs, des laboratoires vivants, c'est-à-dire un écosystème qui veut rapprocher l'innovation des usagers directs que sont les agriculteurs, ou indirects que sont les consommateurs, afin de créer une valeur économique. Ce concept existe dans d'autres secteurs économiques, comme la santé, l'éducation ou le milieu urbain. Dans le domaine agricole, il en existe un ou deux au Canada, mais guère plus. Nos ministres nous ont indiqué en vouloir un.

Enfin, le projet 24 vise à mettre à plat tout notre existant. Nous avons un parc de 422 stations, qu'elles soient dans la recherche, le développement ou les lycées. Nous proposons d'en faire un check-up complet pour essayer de les optimiser.

Deuxième axe, qui rassemble les projets 26, 27 et 28, l'appui à l'économie, voire à l'innovation économique. L'agriculture et l'agroalimentaire français perdent de leur efficacité, tant dans notre pays qu'à l'extérieur. Dans cette approche système, il nous faut trouver des indicateurs d'évaluation. Nous souhaitons que soient mis en place des indicateurs multicritères, de façon à mesurer les performances économiques, environnementales, sanitaires et sociales ; c'est l'objet du projet 26.

Nous proposons par ailleurs, avec le projet 27, d'anticiper la politique agricole commune (PAC) 2020 en orientant l'innovation sur les services, de façon à trouver de nouvelles sources de revenus et de nouvelles sources de financement de l'agriculture. Nous invitons à la fois les citoyens, au sens de représentants de l'État, mais aussi la profession, à s'emparer de ces pistes d'investigation car les enjeux qu'elles sous-tendent nous semblent colossaux.

Sur le projet 28, nous n'avons pas osé trop insister, par souci d'éviter les grandes incantations : nous n'avons pas voulu être ceux qui demandent un observatoire supplémentaire… Cela étant, il est grand temps qu'une entreprise, quelle qu'elle soit, fasse une comparaison concurrentielle – au sens produit – pour qu'elle sache dans quel univers elle travaille, comment se situent notre agriculture et notre agroalimentaire par rapport à d'autres pays. C'est également le sens de la démarche de parangonnage ou benchmarking que nous avons conduite.

Troisième axe enfin, on ne peut pas avancer sans aborder la dimension formation, pour que les jeunes puissent s'adapter face au déploiement de nouvelles technologies qui doivent être au plus près du terrain. C'est l'objectif des projets 29 et 31.

En conclusion, nous n'avons pas eu le sentiment de tout explorer. Il nous manque la dimension économique et sociale, un déploiement beaucoup plus fort sur l'agroalimentaire, la recherche de valeur et enfin la dimension one health, c'est-à-dire la santé humaine et animale, essentielle pour l'avenir.

Nous restons donc modestes par rapport à ces 30 projets que nous considérons comme totalement interdépendants et qui permettront de répondre, à plus court terme, à l'optimisation et à la valorisation de notre diversité agricole sur tout le territoire.

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