Intervention de François Houillier

Réunion du 15 mars 2016 à 16h00
Commission des affaires économiques

François Houillier :

À ce stade, non ! Cela étant, tout dépendra des moyens dont nous disposerons…

Je me rends demain à Poligny pour inaugurer une installation. J'y rencontrerai le président de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) car notre unité de recherche travaille sur le comté et les questions de l'affinement fromager. La dimension territoriale est importante.

La semaine dernière, nous avons publié un communiqué de presse sur les produits issus des algues. Contrairement à d'autres établissements comme le CNRS ou l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), l'INRA n'est pas spécialisé dans les algues mais il a observé que des molécules dérivées des algues pouvaient être utiles en nutrition animale, par exemple, pour avoir des animaux plus robustes. On rejoint là la question évoquée à l'instant par M. Philippe Lecouvey sur l'avantage ou l'évitement de l'utilisation d'un certain nombre d'anti-infectieux.

S'agissant du diagnostic rapide, nous avons la capacité aujourd'hui d'installer des capteurs qui permettent de diagnostiquer la présence de tel ravageur, champignon, bioagresseur, tant du côté animal que végétal, et de créer de grandes bases de données qui permettent une identification rapide, en utilisant les codes-barres, en quelque sorte, du vivant. Il s'agit donc là de l'alerte tout en amont de la lutte ; c'est un champ d'action tout à fait passionnant, et dans lequel la France est bien positionnée.

On nous a demandés s'il était bon d'avoir ou non une règlementation. Bon nombre des acteurs que nous avons rencontrés nous ont dit qu'il était préférable d'avoir une règle plutôt qu'une règle incertaine ou dont on ne saurait pas quand elle serait fixée… Cela rejoint la question des nouvelles biotechnologies que l'on ne sait pas encore comment qualifier et dont on ne sait pas quelle sera leur traçabilité. Elles pourront sans doute être utiles sur certaines caractéristiques comme la tolérance à la sécheresse, l'usage de l'azote par la plante, la résistance à certaines maladies, que ce soit du côté végétal ou animal, y compris dans une perspective principale de durabilité. Il s'agit de savoir quelle réglementation sera définie. Être dans une situation de « non-droit » par non-définition des règles n'est pas nécessairement négatif pour la recherche publique que nous incarnons, mais c'est clairement un verrou pour ceux qui voudraient investir, car ils ne savent pas si leur investissement trouvera un débouché naturel sur le marché.

Nous avons fait une cartographie des financements disponibles pour la R & D, l'expérimentation, le transfert et l'innovation dans le domaine de l'agriculture. Nous avons constaté qu'il y a beaucoup de canaux. Vous savez peut-être que M. Thierry Mandon a missionné Mme Suzanne Berger, professeur au Massachusetts Institute of technology (MIT), sur les systèmes d'innovation et de transfert en France. Elle a insisté sur le fait que l'abondance de guichets ou la complexité et l'instabilité des systèmes n'étaient pas forcément des facteurs favorables. Une des vertus de l'Amérique du nord est d'avoir des systèmes relativement stables, et du coup prévisibles pour l'ensemble des acteurs.

Nous avons dressé la liste des 41 guichets de financement qui existent pour ces 30 projets. S'il est intéressant que ces financements existent, leur grand nombre crée une forme de complexité. Enfin, j'appelle votre attention sur le fait qu'il est important de disposer des financements spécifiquement consacrés à l'agriculture.

La question a été posée du financement de l'activité agricole. Quand l'INRA a participé à la rédaction du rapport « Concilier la performance écologique et environnementale », nous nous sommes rendu compte qu'on se heurtait à deux verrous : premièrement, en ce qui concerne le travail, le niveau de formation et la pénibilité d'un certain nombre d'activités agricoles, deuxièmement, l'investissement et l'endettement qui y est associé. L'INRA réfléchit avec des spécialistes de la finance à chercher un moyen de mobiliser des crédits privés pour essayer de stimuler cet investissement. Mais pour l'heure, nous en sommes encore au stade des recherches.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion