Sommes-nous un OPCA bien dimensionné ? On ne l'est jamais suffisamment. Il faut avoir l'honnêteté de répondre que nous pouvons encore progresser.
Je tiens à faire une remarque sur l'avant-dernière loi qui a conduit au regroupement des OPCA. Nous avons dans ce cadre accueilli deux OPCA – ceux de l'habitat social et de la sécurité sociale.
Pour redimensionner un outil performant, il faut prendre le temps car chacun a sa propre culture. Il nous a fallu au bas mot deux ans alors même que nous étions proches, nos activités étant caractérisées par l'intérêt public et la non-lucrativité. Deux ans ont été nécessaires pour réaliser la fusion la plus harmonieuse possible en termes de portage politique de la formation professionnelle. Il faut avoir à l'esprit la complexité de tels rapprochements, en dépit de l'évidence de leur pertinence.
Concernant les demandeurs d'emploi ou les personnes en grande difficulté, la particularité d'Uniformation – nous l'avons abondamment développé auprès du FPSPP – est d'accueillir des branches professionnelles dont, par nature, les publics rencontrent beaucoup de difficultés, soit dans l'emploi, soit pour accéder à l'emploi.
Par exemple, dans la branche de l'animation, 5 % seulement des effectifs ont plus de 50 ans. La quasi-totalité des salariés ont quitté la branche et se sont reconvertis entre 30 et 45 ans. Cela nécessite donc un effort de formation conséquent. Cette branche a décidé de fixer à 1,82 % son taux légal et conventionnel fusionné, bien au-dessus du taux légal de 1 %. Les partenaires sociaux doivent donc apporter un concours important pour faire face aux besoins de formation. S'y ajoute une politique conduite au travers de l'OPACIF pour permettre aux personnes de se reconvertir en temps et en heure.
Dans certains secteurs professionnels, en dépit de la stabilité de l'emploi, les personnes sont dans l'obligation de quitter la branche et de se reconvertir : on n'est pas animateur à 55 ans…
À l'inverse, dans certaines branches – les régies de quartier ou les chantiers d'insertion – les publics sont majoritairement composés de demandeurs d'emploi, qui, certes, ne relèvent pas de la catégorie A mais qui nécessitent une formation extrêmement importante. Celle-ci est financée grâce à la mutualisation des ressources de l'OPCA. Pour les chantiers d'insertion, il y a deux ans, nous avons décidé d'apporter un montant égal à quarante fois la contribution de la branche. La fongibilité et la mutualisation en direction des publics les plus fragiles fonctionnent, insuffisamment puisqu'on ne peut pas maintenir chaque année un tel effort.
Uniformation a joué son rôle du mieux qu'il l'a pu en matière d'emplois d'avenir. Nous organisons aujourd'hui un nombre important de formations pour les emplois d'avenir. Cette politique repose sur la fongibilité et la mutualisation des fonds, avec une enveloppe commune aux vingt-et-une branches ; elle n'est pas laissée à l'initiative d'un secteur particulier. Chacun met au pot : les emplois d'avenir sont financés de la même façon qu'ils concernent les régies de quartier, la sécurité sociale ou l'aide à domicile et ils sont accessibles à tous.
Nous accueillons également dans nos structures un nombre considérable de contrats d'accompagnement dans l'emploi (CAE) qui demandent un effort de formation très conséquent, avec un fort turnover compte tenu de la durée des contrats.
Toutes ces actions sont le quotidien de l'OPCA. Aux yeux de la puissance publique, nous ne sommes pas des intervenants directs, pour ce qui concerne le plan de formation de 500 000 demandeurs d'emploi par exemple. Mais, nous agissons à chaque fois que nous en avons la capacité en faveur des emplois d'avenir, des contrats uniques d'insertion (CUI), des publics en reconversion et des personnes reprenant une activité. Mais il faut aussi pouvoir répondre aux besoins de formation des salariés dans les entreprises ; le champ d'intervention de l'OPCA compte beaucoup de métiers réglementés : ainsi, dans le secteur du sport, pour pouvoir exercer ne serait-ce qu'une heure d'activité professionnelle, il faut avoir un diplôme. Nous sommes donc obligés de consacrer beaucoup de moyens à la formation dans ce domaine. Celle-ci s'impose à nous.
Notre action reste insuffisante. Les moyens du seul OPCA ne sont pas forcément à la hauteur. Il convient de réfléchir à une mutualisation plus importante, avec des moyens provenant du FPSPP mais aussi éventuellement d'autres sources, pour être plus performants.