J’ai la conviction que l’article 2 est tout à fait essentiel dans le texte de ce projet de loi car il a de nombreuses vertus, notamment celle d’expliciter le rôle et la responsabilité de chacune des collectivités publiques en matière de création artistique.
Alors même que la mode est à la critique du rôle central de l’État, des compétences enchevêtrées des collectivités locales, de la prétendue dilution des responsabilités dans l’indigeste mille-feuilles territorial, cet article rappelle à chacun les principes fondamentaux qu’il doit respecter dans la définition et la mise en oeuvre des politiques qu’il mène en faveur de la création artistique.
Notre assemblée et le Sénat ont enrichi successivement cet article dans l’objectif de lui donner une portée plus universelle et dans un souci de cohérence et d’efficacité de l’action publique.
Plusieurs ajouts me semblent essentiels. Ayant été moi-même élue locale en charge des politiques culturelles, je mesure l’importance de leur donner force de loi. Il s’agit notamment du respect de l’équité territoriale, de l’égalité entre les femmes et les hommes ou encore de la valorisation des initiatives prises par le secteur associatif, dont l’apport culturel dans nos territoires est souvent mésestimé, voire négligé.
J’ajouterai un objectif, celui du développement de l’éducation artistique et culturelle qui, selon moi, joue un rôle primordial dans l’émancipation des individus, en particulier les plus jeunes, qui permet de développer la sensibilité à l’art, de rencontrer des artistes et de comprendre les oeuvres en découvrant les lieux de création et de diffusion. Cette éducation ne doit exclure aucun public.
Les collectivités ont, selon moi, le devoir de s’adresser aux publics les plus éloignés de la culture qui, souvent, sont nos concitoyens les plus fragiles. Je reste persuadée que la création artistique est un outil de démocratisation de la culture, d’émancipation et d’égalité républicaine entre les citoyens, et que la mixité culturelle est un facteur de cohésion sociale dont personne ne peut faire l’économie.
Si vous êtes, comme moi, mes chers collègues, persuadés de l’importance de ces objectifs, il vous faut soutenir la réintroduction à l’article 2 de la notion de service public pour qualifier la politique menée en faveur de la création. Le Sénat a retiré cette notion du texte alors même qu’elle donne aux collectivités publiques une légitimité plus forte pour veiller au respect essentiel de la liberté de programmation artistique.