Intervention de Jacques Alain Bénisti

Réunion du 16 mars 2016 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Alain Bénisti, corapporteur :

Ce rapport, qui fait presque 300 pages, vient à peine de vous être envoyé. Nous avons répondu à un certain nombre d'inquiétudes et de questions qui ont été posées par différents collègues. Mais je reconnais volontiers que ceux-ci ne pouvaient pas lire entièrement ce rapport.

Je voudrais d'abord répondre au président, et saluer sa suggestion. Il serait bon d'ailler vraiment jusqu'au bout et de légiférer, par le biais d'une proposition de loi, sur un certain nombre de points dont nous avons eu l'occasion de discuter.

De la même façon, il serait opportun d'organiser une table ronde. Bien évidemment, comme l'exige la démocratie, il faudra laisser parler la DGAC. Cela dit, je suis d'accord avec le président : le rapport de forces est totalement déséquilibré. La DGAC est un État dans l'État. Je me souviens de débats en présence des ministres, le ministre des transports et la ministre de l'environnement, Mme Ségolène Royal, où finalement la DDAC prenait la main. Notre commission peut modifier les rapports de force – ce qui constituerait un réel bouleversement – et faire en sorte que les politiques, qui vivent les problèmes au quotidien, prennent vraiment les décisions – lesquelles, aujourd'hui, sont laissées à la DGAC. D'ailleurs, comme l'ont fait remarquer certains tout à l'heure, la DGAC a pris un certain nombre de décisions sans le moindre débat, ni avec les populations, ni même avec les élus.

On a bien sûr analysé le problème qui se pose, entre l'aspect économique, l'emploi, et les nuisances subies par les populations. On n'a pas fait figurer dans le rapport les propositions démesurées d'un certain nombre d'associations. Et dans les propositions que nous avons faites, nous n'avons pas nui à l'impact économique. Vous avez d'ailleurs été un certain nombre à le reconnaître, comme David Douillet tout à l'heure. Nous savons qu'il n'est pas possible de doubler le trafic d'Orly, mais nous savons que Roissy CDG peut encore se développer.

Nous avons fait un certain nombre de propositions, qui vont un peu dans le sens de la proposition du président. Il faut décentraliser et délester, notamment l'aéroport d'Orly, parce que le nombre de passagers des compagnies low cost a considérablement augmenté. Comme l'on fait remarquer certains, le transport aérien se démocratise. Jusqu'à présent, certaines personnes n'avaient jamais eu la possibilité, ne serait-ce que de monter dans un avion. Les billets aller-et-retour à 35 ou 50 euros permettent maintenant aux populations les moins favorisées de pouvoir utiliser les transports aériens. C'est pour cela qu'il existe un potentiel de développement, qui n'est pas possible aujourd'hui à Orly. C'est la raison pour laquelle nous avons fait des propositions portant sur d'autres lieux :

D'abord à Vatry. Pourquoi, à chaque fois, depuis trente ans, proposer Vatry ? Parce que cet aéroport possède une piste plus longue que celle de Roissy, et une tour de contrôle qui est le double de celle de Roissy. Je n'étais jamais allé à Vatry et quand j'ai vu l'aéroport, j'ai été impressionné.

Cet aéroport a été financé par la région Champagne-Ardennes, le département et l'État. Il suffirait d'agrandir légèrement la salle d'accueil des passagers pour pouvoir le lancer. Certes, Vatry n'est pas raccordé au réseau ferroviaire. Mais la ligne Paris-Strasbourg se trouve à 25 km. On dispose donc d'une ligne et des infrastructures. Nous avons interrogé la SNCF qui estime possible de s'appuyer sur ces infrastructures pour mettre en place des LGV capables de rejoindre Vatry en 22 minutes, à 260 kmh.

Ensuite, nous avons proposé Césarville, à côté de Pithiviers. Il y aura une gare TGV à côté de Pithiviers, dont une aile ira à Clermont-Ferrand, et l'autre à Toulouse. Nous possédons donc le transport. Sauf qu'à Césarville, donc à Pithiviers, nous n'avons pas d'aéroport, contrairement à Vatry. À Vatry, on a l'aéroport, pas le transport.

Enfin, nous avons proposé Beauvais, dont l'aéroport est en train de se développer avec Ryanair. L'élu de Beauvais s'est d'ailleurs exprimé tout à l'heure.

Ainsi, il est possible aujourd'hui de décentraliser et de répondre à l'augmentation du trafic. On ne touche à aucun moment, ni à l'économie, ni au tourisme. On augmente le nombre d'emplois. On développe même l'économie en répondant à la forte demande touristique.

Vous le constatez, dans ce rapport, nous avons abordé toutes les problématiques. On s'attendait évidemment à ce que certains s'inquiètent pour Air France et ADP qui constituent aujourd'hui des pôles d'excellence dans le domaine économique. Il n'est pas question d'y toucher. On dit simplement qu'il faut réorienter.

On dit que les trajectoires ont été définies n'importe comment – et c'est l'ancien pilote qui vous parle. Mais d'anciens collègues m'ont dit qu'ils respectaient les trajectoires qu'on leur donnait. De la même façon, les contrôleurs nous ont dit qu'il était possible d'éviter totalement les zones les plus urbanisées et que si on leur disait de le faire, ils le feraient. Je précise, en tout cas, qu'il n'y a pas aujourd'hui de problème de sécurité.

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