Et ce ne serait plus regarder la procréation que sous le seul angle du désir… (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Eh oui, il faut s'habituer à parler au milieu des vociférations et c'est parfois difficile ! (Mêmes mouvements sur les mêmes bancs.)
Une mère m'a écrit ces quelques mots : « Mon mari et moi avons des jumelles de quatorze ans issues de PMA à partir de mes gamètes et de ceux de mon mari. Je ne juge pas les couples qui font appel à un don de spermatozoïdes, mais c'est de tout autre nature. Il y a un vrai déséquilibre dans le couple : c'est l'enfant biologique d'un seul des parents. Je crois que cela peut poser des soucis aux enfants, surtout si l'enfant ne sait pas que son père n'est pas le père biologique. Et si cette loi passe, disait-elle, nous allons fabriquer des millions d'enfants. » Mais elle ajoutait, écoutez bien : « Après, c'est l'amour qui compte. »
Oui, c'est l'amour qui compte. Mais qu'allons-nous faire de l'amour dans cette histoire ? Il est bien difficile, pour n'importe quel parent, d'élever des enfants et je suis bien certain que deux femmes ou deux hommes peuvent donner autant d'amour qu'un père et une mère. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Les deux femmes qui m'ont élevé m'ont aimé sans compter. Mais que deviendrait l'amour, lorsque, ayant donné aux femmes les moyens d'exercer ce droit à l'enfant, on ne pourrait pas le refuser non plus indéfiniment aux hommes ? On leur concéderait les mères porteuses, à moins que ce ne soit les juges qui le fassent au nom de cette exigence d'égalité à laquelle le projet de loi qui nous est présenté prétend répondre. (Applaudissements sur de très nombreux bancs du groupe UMP.) Alors, s'installerait fatalement une relation de client à fournisseur dans la procréation, la marchandisation des corps – eh oui ! –, la demande par les clients d'enfants sans défaut, d'enfants qui leur ressemblent. (Applaudissements sur de très nombreux bancs du groupe UMP.)