Intervention de Général Philippe Boutinaud

Réunion du 16 mars 2016 à 16h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Général Philippe Boutinaud, commandant la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris :

Je réponds à la question de Mme Dumas. Il est nécessaire de tirer les enseignements de la saturation des centres d'appel. Je sais que vous avez reçu des personnes qui ont téléphoné à la police, laquelle, selon elles, leur aurait raccroché au nez. Il faut savoir qu'il est parfois très difficile d'entendre ce que disent les gens.

Pour ce qui nous concerne, je vous l'ai dit, le nombre d'appel s'est effondré dès lors que nous avons changé le message d'accueil. Nous avons assez rapidement pensé à utiliser Twitter et Facebook et, depuis le 13 novembre, nous continuons dans cette voie, mais quant à utiliser l'appel au secours par le biais de tweets, solution apparemment très alléchante, il ne faut pas oublier qu'il faut ensuite exploiter le message, et qu'il faut des hommes pour cela. En outre, au cours d'une conversation téléphonique, vous pouvez commencer à accompagner la victime : quand nous recevons un appel pour un arrêt cardiaque, nous donnons des instructions à notre interlocuteur pour qu'il commence le massage cardiaque. Et nous essayons de rattraper un maximum de gens de cette manière. Aussi, en l'état actuel de la technologie, la conversation téléphonique reste-t-elle très importante.

En ce qui concerne les gens qui se trouvaient dans le Bataclan, nous n'avons raccroché au nez de personne. Reste qu'il faut bien comprendre que cette espèce de soutien psychologique mobilise une ligne. Par conséquent, depuis, nous avons créé une sorte de salle de débordement. Il faut savoir que l'accompagnement psychologique d'une victime, en effet très important, peut mobiliser une ligne et un opérateur pendant une demi-heure ou trois quarts d'heure.

J'apporterai pour finir un complément de réponse à M. Lellouche. Dans la colonne de la BRI, le professeur Safran était là pour assurer la sécurité et le soutien médical des hommes de la BRI. Néanmoins, il a passé son temps à sortir des victimes et c'est ainsi que nous avons pu faire sortir un maximum de blessés bien avant l'assaut final de 0 heure 20. Les gens, les familles doivent savoir que tous ceux que nous pouvions aller chercher, nous sommes allés les chercher. Reste que le professeur Safran, lui, était équipé d'un gilet pare-balles, d'un casque en kevlar, et avait donc plus de facilité pour le faire. Très honnêtement, il faut dire la vérité : la BRI n'avait plus de soutien santé parce que les médecins de la BRI ne s'occupaient que des victimes.

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