Nous sommes sensibles à votre invitation, qui me permettra pour commencer de tordre le cou à certains préjugés et a priori concernant les anciens élèves de l'École nationale d'administration (ENA) dont la presse se plaît à faire écho. Sachez que sur 4 432 anciens élèves de l'ENA en activité, seuls 809 travaillent dans le secteur privé, pour beaucoup à titre temporaire. Dans le champ politique, on compte vingt-deux anciens élèves de l'ENA sur les bancs de l'Assemblée nationale, huit au Sénat, sept dans l'exécutif – dont le président de la République – et trois à la tête d'exécutifs régionaux. Dix-huit pour cent des anciens élèves de l'ENA sont donc dans le secteur privé et je n'ai trouvé que cinq ou six cas de pantouflage réel, c'est-à-dire de démission de la fonction publique avant la fin des dix années dues à l'État, depuis les années 1980. Les anciens élèves de l'ENA sont donc majoritairement au service de l'État, et leur recrutement comme leur formation sont en adéquation avec ce que l'on peut attendre des hauts fonctionnaires et des cadres dirigeants.