Comme on le voit pour la gestion des carrières et des fins de carrière – est-il préférable pour l'intérêt général de faciliter la sortie des hauts fonctionnaires qui n'ont plus de mission réelle à remplir au sein de l'État en facilitant leur transition vers d'autres activités ou de continuer à les payer pour qu'ils accomplissent des missions plus ou moins définies ? Les militaires ont une longueur d'avance sur la fonction publique civile dans la manière de gérer les talents ; on pourrait s'inspirer de leur système, en particulier en transposant la distinction en cours de carrière qu'apporte l'admission à l'École de guerre.
Sur un autre plan, je suis de ceux qui jugent indispensables les allers-retours entre le secteur public et le secteur privé. Or, ils ne sont que sporadiques. En ne les généralisant pas, on parvient à ce que l'on constate aujourd'hui : les deux mondes divergent et ont de plus en plus de mal à se comprendre. Leurs rapports au temps, à l'argent et au risque sont si extraordinairement différents que l'on voit mal comment la fonction de régulation de l'État peut s'exercer durablement de façon satisfaisante si cette déconnexion persiste. Il n'est certes pas simple de les organiser car des questions d'ordre déontologique se posent. Mais, sans brader la déontologie, il faut s'assurer que l'on ne rend pas ces allers-retours impossibles.
Enfin, la formation quantitative de l'École polytechnique est reconnue pour être la meilleure dans les fonctions publiques de France. Dans l'intérêt de l'État, il ne serait donc pas absurde d'imaginer que la Cour des comptes et l'Inspection des finances, qui ont à l'évidence besoin de telles compétences pour remplir leurs missions, recrutent des polytechniciens à la sortie de l'École. On compléterait ainsi utilement les recrutements actuels. Il s'agit d'une proposition logique, non d'une revendication corporatiste : ainsi, nous ne souhaitons pas avoir accès au Conseil d'État, auquel l'École polytechnique ne prépare pas particulièrement.