Intervention de Christine Demesse

Réunion du 16 mars 2016 à 14h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Christine Demesse, présidente de l'Association des anciens élèves de l'école nationale d'administration, AAEENA :

Je maintiens qu'il y a un problème réel dans l'enseignement général. L'ENA a créé une classe intégrée de préparation aux concours de la fonction publique et l'AAEENA elle-même fait de gros efforts – le sujet me tenait à coeur. Notre commission Égalité des chances, avec des associations partenaires, aide à donner aux étudiants issus de la diversité le complément culturel et social qui leur fournira les codes permettant d'accéder aux concours et, contrairement à ce qui se passe pour l'accès à l'emploi dans le secteur privé, l'anonymat dans lesquels se déroulent les concours de la fonction publique préserve la méritocratie républicaine. Mais encore faut-il que ces jeunes gens se présentent aux concours, or personne ne les informe de leur existence.

Au moment du 70ème anniversaire de l'ENA, d'anciens élèves de l'École se sont rendus dans des universités, partout en France, et ils se sont rendu compte que des étudiants tant issus de quartiers dits difficiles que de zones rurales, bien que déjà titulaires d'une licence, ne connaissaient pas l'existence de ces concours – les enseignants n'en parlent jamais. Le professeur de mathématiques d'un très bon élève issu d'un milieu modeste l'orientera vers une classe préparatoire et il intégrera peut-être une école scientifique. Cela ne se produit pas pour les sciences humaines. Le personnel enseignant a les codes : on voit que dans toutes les classes préparatoires, les élèves qui se présentent sont aujourd'hui des enfants d'enseignants, non des enfants de cadres supérieurs ou d'énarques ; l'enseignement n'oriente pas suffisamment les autres élèves vers ces classes. Nous poursuivons l'action que nous avons entreprise à ce sujet, car a elle suscité de nombreux retours positifs des professeurs d'université et des étudiants. C'est ainsi que nous aurons de nouveaux étudiants.

L'accès direct à la Cour des comptes et à l'Inspection des finances à la sortie de l'École polytechnique existait jadis et a été supprimé. Nous avons la chance que d'anciens élèves de l'X se présentent au concours de l'ENA ; à la sortie de l'École, ils ont toutes les chances de pouvoir accéder à la Cour des comptes ou à l'Inspection des finances.

Je partage l'opinion de Bruno Angles sur le rôle décisif des recruteurs : plus ils sont convaincants, plus l'élève sera attiré. Je salue la réforme de la professionnalisation et des entretiens car le rapport de la mission d'évaluation montre combien ce recrutement est efficace. Et, en observant la prise de fonctions des élèves à leur sortie de l'ENA, on constate un étalement qui correspond à une appétence et non plus à un classement pur et simple.

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