Je vais y revenir.
Le contexte économique et financier est la cause principale de la fragilité d'EDF ; c'est la vérité des chiffres, que j'ai rappelée, même si certains persistent à la nier. Ce n'est pas Hinkley Point qui en est la cause, puisque ce projet représente, je le redis, moins de 15 % des investissements totaux portés par EDF. Ce qui détermine sa notation financière, c'est l'alliance des prix de marché que j'ai rappelés, des investissements à faire et de son exposition. Hinkley Point n'a rien à faire là-dedans ; bien sûr, ce projet ne fait qu'alourdir le poids des investissements nécessaires, mais il ne représente, en totalité, même pas les investissements d'une année.
Il faut donc remettre les choses à leur juste proportion. Hinkley Point n'est pas la source des problèmes rencontrés aujourd'hui par EDF. Plusieurs d'entre vous ont appelé de leurs voeux un projet industriel de long terme : devons-nous décider d'un projet à soixante ans en fonction des difficultés financières d'aujourd'hui ?
C'est aussi pour cela que je n'ai exclu aucune solution. La facilité serait de se tourner vers l'État, et c'est pourquoi j'ai insisté sur le fait que la solution doit reposer d'abord sur les différents acteurs. Mais notre responsabilité collective est de prendre les bonnes décisions à long terme, même si elles sont difficiles : gardons à l'esprit que les difficultés à court terme de l'entreprise sont dues au contexte de marché.
Hinkley Point est un investissement supplémentaire, mais à très forte rentabilité : je vous mets au défi de trouver des projets – dans le secteur nucléaire ou ailleurs – dont la rentabilité est de 9 %, avec des prix garantis.
À l'évidence, ce dossier ne contribue pas à l'apaisement du contexte social ni du contexte de marché. Mais il faut le remettre en perspective, et essayer lucidement de trouver des solutions. Nous ne sommes pas, me semble-t-il, dans une impasse, et nous ne devons pas collectivement refuser l'obstacle.
Vous m'interrogez également, Monsieur Daniel Fasquelle, sur la perte de clients par EDF. Les chiffres que vous donnez ne sont pas étonnants s'agissant d'une entreprise qui sort d'une situation de monopole ! D'autres entreprises dans d'autres secteurs – pensons à France Télécom hier – ont connu ce même phénomène : quand les marchés s'ouvrent, des concurrents apparaissent. C'est ainsi qu'EDF a perdu 30 % de clients ; ce qui signifie a contrario qu'elle a préservé 70 % de sa clientèle, et dans un contexte qui n'est pas facile. Cela montre qu'il s'agit d'une entreprise compétitive sur le plan industriel et commercial ; cela montre aussi la qualité et l'engagement de ses salariés.
L'entreprise elle-même est lucide sur le fait que les tarifs régulés ne sont pas une solution pour pallier cette perte de clientèle, bien au contraire : à chaque fois que l'on a essayé de tirer cet argument, on a plutôt perdu des clients. Je ne veux pas crier victoire, mais je ne vois pas là de motif d'inquiétude.
S'agissant de Fessenheim, Monsieur Éric Straumann, sa fermeture s'inscrit dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique et s'articulera avec l'ouverture du nouveau réacteur de Flamanville. Au cours de cette année, EDF proposera formellement le nom du ou des réacteurs qu'elle souhaite fermer lors de la mise en service de Flamanville 3 : M. Jean-Bernard Lévy a laissé entendre que la centrale de Fessenheim serait concernée. C'est sur cette base que le Gouvernement prendra le décret qui entérinera la fermeture d'un ou de plusieurs réacteurs au moment de la mise en service du nouveau réacteur de Flamanville.
Nous nous conformerons ainsi au plafonnement de la puissance nucléaire à son niveau actuel de 63,2 gigawatts, indépendamment de la substitution prévue entre énergies renouvelables et nucléaire.