Intervention de Karine Berger

Réunion du 23 mars 2016 à 10h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKarine Berger :

Si je comprends bien, il faudrait pendre M. Mario Draghi haut et court ! Ce n'est pas exactement le sentiment des marchés financiers. Les taux directeurs de la BCE viennent d'être fixés à zéro ; surtout, le quantitative easing permet désormais à la BCE de racheter directement des obligations d'entreprises, ce qui ne s'était jamais fait. Par ces décisions, M. Draghi dit clairement que les entreprises européennes ont du mal à emprunter sur les marchés financiers. De fait, quelques intervenants de marché m'ont confirmé être régulièrement « collés » pour certaines demandes de levée de crédits ; la stratégie suivie par M. Draghi me paraît donc particulièrement pertinente. Vous l'avez d'ailleurs dit en creux : s'il s'agit d'un problème de liquidités majeur, seule la BCE peut intervenir. Mais cela a pour conséquence terrible qu'elle annule le prix des transactions privées des banques et des assurances, si bien que la déflation des prix d'actifs se double d'une déflation du prix du commerce d'actifs et que personne n'a plus intérêt à faire du « business » financier. Si cela se produit sur le marché obligataire, cela signifie qu'un jour ou l'autre nul n'aura plus intérêt à acheter des Bunds allemands pendant plusieurs heures ou plusieurs jours d'affilée. Je suis étonnée que ce mécanisme ne vous inquiète pas davantage, d'autant que vous avez circonscrit le shadow banking aux hedge funds ; pour ma part, j'y ajouterai l'intégralité des fonds de pension et des assurances. Alors, ce n'est pas de 1 700 milliards de dollars qu'il s'agit mais de 60 000 à 70 000 milliards de dollars d'actifs qui peuvent être « collés » du jour au lendemain par l'arrêt du commerce des obligations d'entreprise ou, pire, des obligations d'État. Quelle analyse faites-vous de ces phénomènes ?

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