La filière nucléaire française est sans doute à l'aube d'une crise grave, voire très grave. Les ingénieurs d'EDF redoutent un bond technologique permettant le stockage de l'électricité. Si ce bond ce produit, il en sera clairement fini de la filière nucléaire en France et dans le monde, du fait de l'arrivée des énergies renouvelables. (Murmures) Nous n'en sommes pas là pour le moment.
Quoi qu'il en soit, les discussions entre experts à propos des comptes d'EDF soulèvent un certain nombre d'interrogations et mettent les questions relatives à la sécurité et aux conditions de mise en oeuvre des stratégies de sécurité au coeur des débats. Compte tenu de l'importance des investissements de sécurité post-Fukushima, votre prédécesseur estimait qu'il serait nécessaire, pour les équilibrer, de prolonger la durée de vie des réacteurs non pas de dix, mais de vingt ans. Avez-vous un avis précis sur ce point ? Ces investissements sont-ils possibles compte tenu des équilibres financiers d'EDF ?
En février dernier, lors de la présentation du rapport de l'IRSN sur les déchets radioactifs de très faible activité (TFA) devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), votre prédécesseur a expliqué que le centre de stockage actuel était saturé. Faut-il envisager un nouveau centre de stockage ? Commencez-vous à réfléchir à cette question ? Avez-vous des préconisations en la matière ?
Pour ce qui est des déchets de moyenne activité à vie longue, l'IRSN a fait un certain nombre de propositions concernant le projet CIGEO. L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) essaie d'adapter son outil pour en réduire le coût, même si la très longue durée des investissements relativise le coût annuel. Comment voyez-vous les rapports entre l'IRSN et l'ANDRA ?
Vous avez abordé la question centrale de la culture scientifique. Malgré les difficultés frappantes que l'on peut constater auprès de nos concitoyens, on a un peu le sentiment que l'on a cessé nos efforts en matière de diffusion de la culture scientifique. Pour ce qui est de l'enseignement, l'université peut jouer un rôle important en direction des lycées et des collèges. L'IRSN peut-il jouer un rôle utile en matière de vulgarisation de la culture scientifique dans les prochaines années ? Avez-vous des idées précises à ce sujet ?