Madame la ministre du logement, ce jeudi 31 mars prendra fin la trêve hivernale. Instaurée il y a soixante ans par l’abbé Pierre, elle interdit pour une durée de cinq mois toute expulsion de locataire, l’objectif étant d’empêcher que davantage de personnes incapables de payer leur loyer ne se retrouvent à la rue, exposées à des conditions climatiques difficiles.
Si la trêve hivernale est une mesure à préserver, elle pose néanmoins deux questions, celle des mesures préventives à mettre en oeuvre pour éviter les expulsions qui interviennent au mois de mars et celle de l’accompagnement des personnes qui seront effectivement expulsées. Celles-ci, faute d’accompagnement, risquent de devoir être hébergées en urgence l’hiver prochain.
Aujourd’hui, une expulsion sur deux est liée à une perte ou à un changement d’emploi, une personne expulsée sur trois est une personne seule avec enfant. Face à ces situations de détresse, il est essentiel de développer au plus vite l’hébergement d’urgence.
La médiatisation de l’opposition égoïste de certains riverains de quartiers huppés parisiens ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel de ce que nous sommes. Humaniser les dispositifs d’accueil n’est pas seulement un impératif moral, c’est aussi et avant tout un devoir républicain. Il n’est pas acceptable de refuser d’accueillir les personnes en situation de grande précarité avec comme seul argument que la misère doit être cantonnée aux portes de nos villes, dans certains quartiers.
Dès vendredi, quelque 40 000 foyers seront susceptibles d’être expulsés. Que compte faire le Gouvernement pour limiter le plus possible les expulsions à venir et quelles mesures d’accompagnement seront proposées dès vendredi ?