Intervention de Jacques Bompard

Réunion du 22 mars 2016 à 16h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Bompard :

J'ai lu avec intérêt votre rapport annuel d'activité : vous ne chômez pas ; bravo !

Toutefois, on est en droit de s'interroger sur les cas concrets qui y sont évoqués. Ainsi, un livreur qui refuse de se rendre dans un quartier sensible ne propage pas des stéréotypes : il exerce un droit inaliénable, celui d'assurer sa propre sécurité. Un professeur qui ne veut pas exercer dans un quartier dangereux n'est pas raciste : il souligne l'aveuglement d'un État coupable de ne pas garantir la sécurité de ses citoyens. Nous le savons bien en Provence-Alpes-Côte d'Azur, à Marseille, à Avignon ou à Carpentras.

Ce que l'on ressent à la lecture de ce rapport, c'est une présomption de racisme à l'encontre des Français, qu'il s'agisse des contrôles d'identité, des institutions, des cantines. Or la France souffre d'un profond questionnement identitaire et la culpabilisation des masses ne fonctionnera plus. On a vu l'accueil que les réseaux sociaux ont réservé à la campagne caricaturale du Gouvernement « Tous unis contre la haine ». Mais quelle haine ? C'est la haine de soi qui constitue, je crois, la matrice du délitement de notre société. Rien sur les habitants de Calais, rien sur les exilés de la France périphérique, rien sur le racisme anti-Blanc, rien sur les masses populaires qui souffrent au quotidien d'une crise identitaire qui n'est traitée que par l'idéologie institutionnelle soumise au prêt-à-penser, incapable, hélas, de résoudre les problèmes auxquels notre pays est confronté.

Monsieur le Défenseur des droits, intégrerez-vous à vos travaux de l'année prochaine la lutte contre la haine de soi au sens large du terme, premier facteur à mes yeux de tension dans notre pays ?

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