J'ai bien conscience des enjeux que vous rappelez, mais j'insiste sur le fait que le choix a été fait en 2010, dans la doctrine du PIA initial, de faire figurer la précarité énergétique au coeur des investissements d'avenir. Aujourd'hui, preuve est faite que le dispositif retenu fonctionne, grâce à l'important effet de levier produit sur les plans économique et énergétique, mais aussi sur la mobilisation partenariale locale autour de ménages en situation de précarité, dans des espaces urbains et ruraux bénéficiant par ailleurs d'investissements assez réduits.
Le PIA tel qu'il est actuellement mis en oeuvre produit les effets que l'on en attendait en termes de massification de la rénovation énergétique, de construction d'une ville durable et de soutien au développement des villes moyennes éloignées des métropoles. L'effet levier joue également en matière de recours aux énergies renouvelables, notamment grâce au travail effectué en étroite collaboration avec l'ADEME – nous avons signé avec l'agence une convention de partenariat que je soumets demain au conseil d'administration de l'ANAH.
Nous avons entrepris de procéder à une évaluation assez fine de l'action de rénovation thermique, dont une deuxième partie va être livrée prochainement. Pour cela, nous avons interrogé des bénéficiaires à l'issue d'une ou deux saisons de chauffe, afin de mesurer précisément et concrètement l'impact des mesures de rénovation thermique sur leurs factures, mais aussi sur la qualité de vie dans le logement et sur l'économie locale. Nous avons déjà procédé à cette fin à une première évaluation auprès de 1 000 bénéficiaires, que nous sommes en train d'approfondir au moyen d'une deuxième évaluation – cela nous permettra de disposer de données supplémentaires à la fin du premier semestre 2016.
Le modèle économique de la rénovation énergétique est encore assez peu finalisé, et de nombreux acteurs cherchent des modèles auxquels se référer. Nous avons réussi à produire de la connaissance sur les moyens d'équilibrer les plans de financement dans ce domaine, notamment en copropriété – ce qui est le grand enjeu de demain, car Habiter mieux concerne essentiellement le logement individuel. L'ANAH met en oeuvre un programme très important de redressement des copropriétés en difficulté dans les quartiers du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), où un quartier sur deux est majoritairement constitué de copropriétés.
Les enjeux en matière de rénovation énergétique sont considérables, et de ce point de vue les programmes que nous mettons en oeuvre apportent des réponses intéressantes, par exemple en favorisant de nouvelles technologies – je pense notamment à celles permettant d'isoler par l'extérieur. Le développement des filières et l'expertise produite par nos programmes pourraient à mon sens être davantage mutualisés, notamment dans le cadre des lotissements et des grandes propriétés des années 1950. En résumé, le programme contribue à l'amélioration des connaissances relatives aux matériaux, aux techniques, aux méthodes, au public-cible et à l'impact économique.