Je tiens tout d'abord à rassurer Monsieur de La Verpillière s'agissant de l'équipement des réservistes : le sujet est réglé ou en passe de l'être. Je ne peux pas en effet demander aux réservistes d'avoir le même engagement sur le terrain que les forces opérationnelles et ne pas assurer leur protection. Concernant les gilets pare-balles, nous avons profité d'un reliquat budgétaire de l'année 2015 d'un montant de 10 millions d'euros pour acquérir les matériels nécessaires, y compris pour le personnel féminin. J'ajoute que nous avons également travaillé sur la protection sociale des réservistes, en améliorant notamment la couverture des risques. Les réservistes ne bénéficiaient en effet pas de la même protection s'ils étaient blessés en service, ce qui peut tout à fait survenir. Nous avons donc oeuvré avec la Maison de la gendarmerie, fondation à caractère social, pour combler le vide juridique.
Ensuite, concernant les contrôles des populations migratoires, nous savons, en effet, que deux des terroristes impliqués dans les attentats du 13 novembre dernier sont entrés sur le territoire européen parmi les vagues de migrants qui se sont rendus dans la région de Calais. Il convient, à mon sens, de travailler selon une logique de cercles concentriques, ce qui implique de conforter la surveillance nationale, en mettant davantage l'accent sur les zones frontalières compte tenu du contexte actuel. L'engagement des armées, dans le cadre du schéma dont je vous parlais plus tôt, permettra de répondre en partie à l'enjeu mais il faudra aller encore plus loin. Il est en effet indispensable d'être présents aux frontières extérieures de l'Union européenne. Nous travaillons en ce sens à la montée en puissance des forces des douanes, de la gendarmerie, de la police. Par ailleurs, il est nécessaire d'aller plus loin et de travailler avec les autorités des pays du bassin méditerranéen ; nous avons par exemple une relation très forte avec la Tunisie. Quand on sait que dans le sud tunisien, un simple fossé sépare ce pays de la Libye, que Daech est présent sur le sol libyen et que ses membres peuvent traverser la frontière et menacer la Tunisie et les pays au-delà, il est évident que nous sommes face à un vrai sujet. De même, nous devons être proches des États africains de la bande sahélo-saharienne comme du Sénégal et de la Côte d'Ivoire. Nous devons renouer avec eux et rehausser notre collaboration. Je me suis rendu récemment au Niger avec le ministre de la Défense. Le pays est une plaque tournante pour tous les trafics. Il faut l'accompagner pour y faire face.
Puisque nous parlons de la question migratoire, j'aimerais dire un mot sur Calais. Quand je parle de Calais, je fais référence à la zone Eurotunnel - la tranchée de Beussingues -, la zone fret de la SNCF et la gare de Fréthun. Il s'agit d'une zone sous la responsabilité de la police nationale et la gendarmerie n'y a affecté deux escadrons que pour renforcer l'action de la police. Je me suis rendu sur place, et j'ai passé deux nuits avec les gendarmes. Fort du constat réalisé in situ et dans un souci d'optimisation du dispositif j'ai demandé au ministère de l'Intérieur d'attribuer à la gendarmerie une zone opérationnelle, ce qui illustre la question du continuum sécurité-défense. J'ai donc affecté un colonel et cinq escadrons pour contrôler l'accès au tunnel, et ainsi éviter les interruptions de trafic et les coûts économiques qui en découlent. Depuis le 23 octobre, date à laquelle nous avons débuté cette mission, il n'y a pas eu une seule pénétration dans le tunnel.
Concernant Saint-Quentin-Fallavier, nos gendarmes se sont trouvés en état de choc considérable qui s'explique aussi car ils étaient les primo-intervenants. Si nous avons mené des actions afin de renforcer leur accompagnement, il nous faut encore aller plus loin en termes de soutien psychologique car nous savons que les chocs traumatiques engendrent des troubles durant l'ensemble de la carrière des victimes.