Intervention de Général Denis Favier

Réunion du 23 mars 2016 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Denis Favier :

Je n'ajouterai rien de plus à la dernière remarque de Monsieur Bacquet qui conforte globalement mon analyse.

À mes yeux, il ne serait pas sans danger de donner aux militaires des missions à conduire de façon autonome ; mieux vaut que les missions confiées aux militaires soient conduites de façon conjointe avec les forces de sécurité intérieure.

Par conséquent, de façon autonome, les armées ne peuvent guère effectuer que des gardes statiques, ce qui n'est pas valorisant pour les hommes. C'est une question de fond. Nous devons évoluer dans notre capacité à surveiller les bâtiments sensibles. Or, les choses évoluent peu : nos méthodes de protection des sites datent du siècle dernier. Par exemple, certaines ambassades font l'objet du même dispositif de protection depuis 1987 – service que j'ai pris à l'époque comme lieutenant –, alors que les technologies ont considérablement évolué depuis 30 ans. Un recours plus large à la vidéosurveillance et aux moyens de protection passive par exemple, permettrait de dégager des effectifs.

Si la gendarmerie avait bénéficié des renforts d'effectifs dont ont bénéficié les armées, elle aurait incontestablement produit un « effet terrain » significatif. La question des contrôles et des patrouilles aléatoires a du sens, et c'est là-dessus qu'il faut travailler. En tout état de cause, il faut poser la question des effectifs.

Monsieur Léonard, l'antenne de renseignement territorial des Ardennes produit des effets très positifs. Deux gendarmes à temps plein, c'est déjà un effort important, et leur pilotage par un policier ne pose pas de difficulté ; au contraire, cela facilite la circulation de l'information entre les services.

Dans les Ardennes, la gendarmerie sécurise les zones de passage avec la Belgique avec les moyens locaux, sans renforts particuliers. Quant aux centrales nucléaires, on ne peut raisonnablement pas les fermer mais il faut en contrôler les accès. En la matière, notre dispositif ‒ armé par les pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG) ‒ est très solide, et internationalement reconnu comme une référence.

S'agissant des réservistes, Monsieur Bacquet, 70 % d'entre eux n'ont pas eu de lien professionnel antérieur avec la gendarmerie : c'est très important et cela témoigne d'un fort engagement citoyen. Le budget de la réserve de la gendarmerie atteint 62 millions d'euros en 2016, contre 45 millions d'euros en 2015 et 39 millions d'euros en 2013. Pour financer une réserve de 40 000 hommes, le besoin de financement sera à peu près proportionnel ; une « règle de trois » donne une bonne approximation. En tout état de cause, je juge que l'objectif n'est pas hors de portée.

Quant à la gendarmerie départementale, elle a un rôle important en matière d'intervention, et elle est formée aux techniques requises, comme le tir. Nous devons toutefois être très attentifs au maintien d'une formation continue de haut niveau.

Pour finir, vous avez eu pleinement raison d'évoquer la réserve citoyenne. C'est un dispositif formidable, d'une plus-value considérable, qui constitue une ouverture vers des cercles de réflexion auxquels nous n'avions pas accès. Nous en sommes très heureux et nous souhaitons l'optimiser.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion