Je salue l'organisation de cette table ronde avec les ONG, les entreprises et les territoires qui sont trois points d'appui essentiels pour réussir la mise en oeuvre de l'accord de Paris.
Je vous remercie pour cette « piqûre de rappel » sur cet accord historique, en ce sens qu'il est ambitieux, universel et différencié. Mais cet accord porte aussi une exigence. Vous avez dit avec raison qu'il n'est pas un point d'aboutissement, ni un point de départ mais plutôt une étape qui doit être suivie d'autres pour garantir sa réussite.
Comme le dit le cinquième rapport du GIEC, le changement climatique est sans équivoque. L'équivoque n'est donc pas de mise dans les actions concrètes pour mettre en oeuvre l'accord de Paris.
En écoutant Ronan Dantec, j'ai d'abord cru à une douche écossaise, qui s'est finalement avérée une douche nantaise, moins froide (Sourires). J'ai décelé dans son propos l'espoir de trouver le chemin de la réussite.
Je retiens des trois interventions le mot de concret, qui appelle quelques questions.
La première concerne le financement qui est un élément essentiel, on l'a vu dans la construction de cet accord, de la crédibilité vis-à-vis des pays du Sud. Où en est-on par rapport à l'objectif de 100 milliards de dollars pour le Fonds vert pour le climat ? Quels sont les premiers projets qui ont été financés et comment ont-ils été sélectionnés ?
La deuxième question porte sur le prix du carbone. Des initiatives ont été prises par les entreprises, les ONG et les territoires : tout le monde est d'accord pour donner un prix au carbone mais ce prix n'est toujours pas fixé. Qu'est ce qui bloque ? Pouvez-vous préciser les oppositions que vous avez évoquées, Madame Gautier ?
La troisième question a trait à la gouvernance. L'accord de Paris est d'abord un succès diplomatique parce que c'est un « machin » onusien, soumis aux principes d'universalité et d'unanimité. À quel moment pourra-t-on passer de cette gouvernance onusienne à une gouvernance plus territorialisée, à l'instar de l'ambition que porte l'initiative de Ronan Dantec ? À quel moment peut-on faire confiance à ces différents acteurs que vous représentez pour définir une autre forme de gouvernance qui nous semble essentielle ?
Autre sujet, les transferts de technologies que vous n'avez pas évoqués peuvent être utiles dans un certain nombre de territoires.
Vous avez rappelé le rôle de Ségolène Royal qui déploie une formidable énergie auprès des États, des territoires et des différents acteurs pour les mobiliser et garantir la réussite de l'accord. La France a certes un rôle particulier à jouer mais que peut-on faire en neuf mois ? Comment faire en sorte d'échapper à la course de lenteur à laquelle semble souvent condamnée l'action des Nations Unies ?
Vous avez évoqué l'alliance solaire internationale, l'ambition d'énergies renouvelables pour l'Afrique. Vous auriez pu également parler de l'initiative portée par le ministre de l'agriculture, le « 4 pour 1 000 ». Comment faire en sorte que toutes ces initiatives trouvent une ambition commune et une articulation pour qu'elles n'en restent pas à l'état de déclaration ?
Dernière question, il manque un acteur essentiel, l'opinion publique. C'est sans doute elle qui fait bouger la Chine sur la pollution atmosphérique dans certaines villes, ou le Canada. Quel rôle lui donnez-vous ?