Madame la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, la réforme du collège ne passe pas ! Actuellement, les enseignants vivent une année particulièrement difficile et subissent bon gré mal gré, par vagues successives, des formations pour entrer dans une ère nouvelle : celle de la suppression des classes bilangues, celle de la mort annoncée du latin, celle du déclin de l’allemand, celle de l’avènement des enseignements pratiques interdisciplinaires – les EPI.
Les enseignants déplorent le caractère liberticide de l’éducation nationale et rejettent massivement cette réforme qui ampute les enseignements disciplinaires et dégrade leurs conditions de travail. Lors des EPI, des élèves, regroupés face à une situation non scolaire, devront faire des maths, de l’anglais ou du français édulcoré, sans règles d’orthographe ! En situation interdisciplinaire et « coachés » par un professeur, les élèves construiront eux-mêmes leur savoir. La belle affaire !
Ce n’est pas la bonne méthode, ni pour restaurer l’autorité des enseignants, ni pour donner confiance aux élèves en difficulté. Et quelle idée saugrenue de vouloir faire de l’aide personnalisée par classe entière ! Pour faire réussir chaque élève, on a besoin de lui donner un cadre sécurisant avec des horaires fixes et non des emplois du temps à géométrie variable. Dorénavant, de la cinquième à la troisième, les changements intempestifs qui devront, je cite, « adapter les moyens aux dispositions locales » déstabiliseront les familles de plus en plus tentées par l’enseignement privé.
Au Québec, le « renouveau pédagogique », une politique éducative qui ressemble à s’y méprendre à cette réforme, s’est achevé par un échec retentissant après dix ans. Les résultats sont en baisse et les inégalités en hausse. C’est malheureusement ce qui nous attend ! Quand comptez-vous arrêter cette réforme inique ?