Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 16 mars 2016 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous sommes très heureux d'accueillir Sir Julian King, nouvel ambassadeur du Royaume-Uni en France, pour une audition fermée à la presse. Merci beaucoup d'être avec nous ce matin, monsieur l'ambassadeur. Nous espérons, mais je n'en doute pas, que nous aurons avec vous des relations aussi plaisantes qu'avec votre prédécesseur, Sir Peter Ricketts.

J'attache personnellement une très grande importance au dialogue entre la France et le Royaume-Uni. Notre relation bilatérale est d'ailleurs excellente. Nous faisons beaucoup de choses ensemble, en matière de recherche, d'éducation, de défense. Nous sommes les deux pays européens membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous avons une approche très similaire des questions internationales, notamment de la question syrienne. Nous y reviendrons, et vous nous direz à ce propos ce que vous pensez de la liste de 22 000 noms de membres de l'État islamique publiée par un média britannique, si vous disposez d'informations à ce sujet.

Une chose nous sépare depuis longtemps : notre conception de l'Europe. C'est à mes yeux la seule, et elle ne doit pas occulter l'excellence de nos relations dans les autres domaines.

Nous allons naturellement vous demander de nous livrer votre point de vue sur le prochain référendum. Nous le savons tous ici, un compromis a été trouvé à Bruxelles lors du dernier Conseil européen à propos des demandes du Premier ministre David Cameron. Il me semble que l'attitude de chacun a été positive. Pour ma part, je souhaite ardemment que le Royaume-Uni reste dans l'Union européenne. Quoi qu'il en soit, une fois ce compromis acquis, comment la campagne se passe-t-elle ? Que donnent les sondages ? Où en est l'UKIP (United Kingdom Independence Party) ? Car ce sera au peuple britannique de se prononcer. Or notre expérience des référendums en France montre que les résultats ne sont pas toujours ceux qu'escomptent leurs organisateurs, et que, souvent, les peuples répondent à côté de la question.

Je précise que la question posée aux électeurs sera une alternative : le Royaume-Uni doit-il rester membre de l'Union européenne ou doit-il la quitter ? Il y aura deux bulletins de vote : l'un en faveur de la première option, l'autre de la seconde.

Mes collègues vont vous poser bien d'autres questions sur la manière dont le peuple britannique se positionne à ce sujet pour l'instant. Nous en avons tous conscience, c'est une question d'importance cruciale, pour le Royaume-Uni d'abord. À mes yeux, il serait en effet le premier à subir les conséquences négatives d'une sortie de l'Union européenne, du point de vue économique, mais aussi parce que l'Écosse – elle commence à le dire par l'intermédiaire de ses dirigeants – pourrait demander l'organisation d'un second référendum, sans compter les messages dépourvus d'ambiguïté du Commonwealth et des États-Unis sur le fait qu'ils ne pourraient servir d'alternative. Mais ce serait aussi un problème pour l'Union européenne, pour son image et son fonctionnement – notamment du fait des renégociations d'accords dans lesquels elle s'enliserait alors pour plus de deux ans.

Bref, je ne partage pas le point de vue de certains en France qui, irrités par les démarches du Royaume-Uni, déclarent : « S'ils veulent partir, eh bien qu'ils partent ! » À mon sens, nous devons au contraire tout faire pour vous aider, ce qui n'est pas facile car nous ne devons pas interférer dans la campagne interne. Vous nous direz donc comment nous pourrions faire.

Nous aborderons enfin, naturellement, la crise migratoire et la situation à Calais, où je me rendrai demain avec quelques-uns d'entre nous, dont Pierre Lellouche et Jean-Marc Germain qui animent au sein de notre commission un groupe de travail sur les migrations, et Yann Capet, député du Pas-de-Calais, ainsi que Marie-Louise Fort.

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