Monsieur l'ambassadeur, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans notre pays, même si je doute que vous en soyez les derniers gaullistes – auquel cas vous seriez aussi les derniers partisans de Jeanne d'Arc ! Dans ma circonscription, on vend désormais 350 sortes de whiskys écossais et britanniques et j'ai même trouvé de la Marmite dans les supermarchés parisiens : la culture anglaise commence à pénétrer notre pays…
Ma première question est technique. Je ne sais pas si je vous ai bien compris. Vous avez parlé d'organisations – d'associations, en fait – appelées à faire campagne et financées par l'État. Mais alors quel est le rôle des partis politiques ? Vous dites que le gouvernement est divisé ; qu'en est-il du parti d'opposition ?
Notre expérience montre que les référendums ont tendance à mal tourner, surtout quand l'écart est aussi faible. De ce point de vue, je ne suis pas du tout de l'avis de M. Myard : j'ai le sentiment que les choses sont très mal engagées si vous n'avez que trois points d'avance aujourd'hui. D'autant qu'il est beaucoup plus facile de faire campagne pour le non au maintien que pour le oui. Et, toujours d'après notre expérience, on risque la défaite si les deux partis majoritaires ne sont pas, au moins en majorité, favorables au oui. Il est arrivé que l'on perde un référendum malgré un centre de gravité plutôt favorable dans la majorité et dans l'opposition.
En ce qui concerne Calais, M. Macron – vous voyez que nous écoutons la majorité – a récemment donné une interview au Financial Times. J'ai envie de vous poser la même question que lui, de manière peut-être plus carrée encore : qu'allez-vous pouvoir dire aux Calaisiens et aux Français après le référendum si vous sortez de l'Union, vous qui n'êtes déjà pas membres de Schengen ? Au nom de quoi devrions-nous rester vos gardes-frontières, ce qui coûte très cher aux habitants de la région ? Pourquoi ne nous comporterions-nous pas vis-à-vis de vous comme les Grecs ou les Italiens qui, lorsque j'étais chargé de ces questions au Gouvernement, donnaient de « vrais-faux » laissez-passer aux migrants avant de les envoyer en France ?
Troisièmement, quel est votre plan B dans l'hypothèse où vous quitteriez l'Union européenne ? J'imagine que des groupes de travail dans les différents ministères, voire à Downing Street, se sont penchés sur la question. Comment voyez-vous l'avenir du Royaume-Uni hors de l'Europe, en matière financière et de défense notamment ?