Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 16 mars 2016 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Comment se répartissent-ils ? 50-50 ?

Sir Julian King. C'est difficile à dire. Les chiffres bougent en ce moment et tout le monde ne s'est pas encore déclaré.

À l'intérieur du parti travailliste, il y a aussi une organisation qui fait campagne pour le maintien, largement soutenue. Quant au parti nationaliste écossais, il s'est déclaré favorable au maintien, comme formation politique et comme parti de gouvernement en Écosse.

Voilà pour les trois principaux partis de notre Parlement.

En outre, des organisations de campagne seront désignées, qui ne sont pas liées aux partis. Voici ce que j'ai essayé d'expliquer : dans le cadre de l'organisation de notre référendum, qui dépend d'une commission indépendante, sont désignés les leaders des deux côtés, ce qui leur donne accès aux moyens que j'ai cités pour faire campagne. Mais il ne s'agit pas de limiter les possibilités offertes aux partis de mener leur propre campagne en parallèle.

J'en viens aux questions politiques. Je ne suis pas tout à fait d'accord pour dire qu'il est plus facile de faire campagne pour la sortie. Je crois en effet que le gouvernement a de bons arguments en faveur du maintien, ceux que nous allons avancer au cours des semaines à venir. D'une part, des arguments économiques : la moitié de nos échanges commerciaux se font avec nos partenaires européens. D'autre part, des arguments sécuritaires : il suffit malheureusement de regarder les actualités ; il est évident qu'en matière de lutte contre le terrorisme, nous sommes plus efficaces ensemble. Les terroristes, hélas, ne font pas de distinction entre les villes ou entre les pays qu'ils frappent, et c'est ensemble que nous devons les combattre.

Nous n'avons pas de plan B. Cela peut être surprenant à entendre, mais c'est la réalité. Le gouvernement a même demandé à l'administration de ne pas préparer la sortie. Les partisans de la sortie vont avoir des questions à résoudre au cours des semaines à venir ; jusqu'ici, ils n'ont pas vraiment été en mesure d'expliquer vers quoi l'on irait dans l'hypothèse d'une sortie : un statut analogue à celui de nos amis norvégiens, de nos amis suisses, ou la simple application des règles de l'Organisation mondiale du commerce ? Les partisans de la sortie se sont mis d'accord pour demander un référendum ; mais, du moins jusqu'à présent, ils ne se sont pas mis d'accord sur le modèle de remplacement à mettre en place en cas d'une sortie éventuelle. C'est ce que nous attendons, et que nous verrons peut-être dans les semaines à venir.

En ce qui concerne la coopération en matière de défense, j'ai parlé de deux projets qui comptent parmi les plus importants du moment : ils portent sur l'avion sans pilote et sur la force expéditionnaire commune que nous allons bâtir ensemble. Il existe aussi une coopération très étroite entre nous dans le domaine des missiles. La coopération est également quotidienne entre nos armées : il y a des pilotes français dans les avions britanniques et des pilotes britanniques dans les avions français. Nous saluons cette coopération qui va continuer dans tous les cas, mais que nous aimerions poursuivre dans le cadre de l'Union européenne ainsi que de l'OTAN.

Avons-nous fait tout ce que nous pouvions en Afrique ? Je ne sais pas. Mais, en accord avec nos amis français, nous avons renforcé au cours des derniers mois nos dispositifs de lutte contre Boko Haram, en particulier l'entraînement des forces nigérianes, au nord du pays : nous avons aujourd'hui plus de 300 entraîneurs établis sur le terrain. Nous le faisons en coopération étroite avec les forces françaises présentes dans la région.

Enfin, je ne me déroberai pas aux questions qui m'ont été posées sur les accords du Touquet. Il est arrivé de temps en temps que des hommes et des femmes politiques de votre pays les mettent en question, et ceux de mon pays l'ont remarqué. Mais nous avons précisé à Amiens, avant et depuis, que ces accords existent et qu'ils fonctionnent. Nous en soutenons entièrement l'application et nous soutenons l'action de M. Cazeneuve pour les mettre en oeuvre. Nous pensons pour notre part qu'ils servent l'intérêt des deux pays. Ces accords, nous les avons établis ensemble, ainsi que quelques-uns d'entre vous l'ont noté. Et les contrôles juxtaposés sont la preuve de leur bon fonctionnement. Cette année, le nombre de visites en France depuis notre pays dépassera 20 millions : c'est fantastique ! Plus de 25 % des produits alimentaires achetés dans les supermarchés du Royaume-Uni sont passés par le port de Calais. Bref, les échanges de toutes sortes dans les deux sens sont essentiels, non seulement pour l'économie, mais aussi pour les liens entre nos peuples. Voilà pourquoi ces accords et ce port sont aussi importants.

S'agissant de la Libye, il est vrai que la situation actuelle n'est pas fantastique, mais nous sommes tous un peu impliqués dans cet état de fait : je ne suis donc pas entièrement d'accord avec la critique formulée par M. Obama.

Dans ce domaine aussi, notre collaboration est très étroite au niveau politique. Ce point a été évoqué au sommet d'Amiens, et depuis, c'est-à-dire au cours des deux dernières semaines, notre ministre des affaires étrangères s'est rendu à deux reprises à Paris pour en discuter avec M. Ayrault et d'autres homologues. Nous essayons de trouver un moyen d'avancer en Libye, en soutenant les efforts du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Kobler. D'abord, il nous faut un gouvernement ; une fois celui-ci installé, le Royaume-Uni est prêt à lui fournir un soutien en matière de formation militaire et dans d'autres domaines sécuritaires. Je crois savoir que cette question est également étudiée du côté français.

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