Il faut, je crois, raisonner de façon plus globale. Dans la période que vous citez, les salariés ont énormément bénéficié de l'inflation, parce que les salaires ont également augmenté. Or ils représentent une part importante de la population. L'inflation forte a certes pénalisé les revenus de l'épargne mais a favorisé les revenus du travail.
Aujourd'hui, à l'inverse, les salariés sont victimes de la déflation, ou de la très faible inflation. Voilà une vérité économique très problématique : les salaires n'augmentent plus, et ce depuis des années. C'est l'une des explications majeures de la morosité de la croissance des économies occidentales.
Certains s'accommoderaient très bien de taux négatifs sur une longue période. À mon sens, cela revient à briser un repère fondamental de la société, et à rompre l'équilibre entre l'épargne et l'investissement : n'oublions pas que l'épargne des ménages finance 80 % de notre économie.
Je me demande d'ailleurs quelle serait l'attitude des acheteurs des titres émis par l'AFT si les taux demeuraient négatifs.