Intervention de Christian Kert

Réunion du 6 avril 2016 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Kert :

Monsieur le directeur général, je vous retrouve ici avec plaisir. Comme mon collègue Stéphane Travert, j'ai été sensible à votre présentation. J'ai cependant deux ou trois interrogations. Le Festival d'Aix-en-Provence est, à l'origine, très mozartien. Dans le document que vous nous avez remis, vous indiquez que Mozart demeure un fil rouge de ce festival. Or, ce dernier s'ouvre aussi à de nombreux autres compositeurs, ce que je trouve souhaitable. Mais qu'en sera-t-il demain de Mozart ? Est-ce que le public qui attend du Festival d'Aix-en-Provence de proposer des oeuvres de l'époque de Mozart se retrouvera toujours un peu « chez lui », malgré la nécessité de s'ouvrir à d'autres époques et à d'autres formes d'expression artistique ?

J'aime beaucoup la formule que vous utilisez et selon laquelle « l'opéra est un art qui donne sens au monde ». Je pense que cette formule rejoint la préoccupation qui s'exprime tout au long des travaux de cette Commission : donner sens au monde. Au sujet des nouvelles expressions artistiques, qui se traduisent notamment par une ouverture au monde méditerranéen et à d'autres cultures, je voudrais revenir, sans vouloir vous offusquer, sur un débat qui a animé le Festival l'été dernier. La création de L'Enlèvement au sérail a alors substitué au palais du pacha un camp retranché de Daesch. Je me demande jusqu'où l'expression artistique peut aller pour se renouveler. S'agit-il encore de création ou d'une provocation voulue par un metteur en scène – autrichien je crois ? Jusqu'où peut-on aller en matière d'ouverture à toutes les cultures, en matière d'opéra comme dans d'autres formes d'expression artistique ?

Concernant les moyens techniques, le Festival s'ouvre au numérique. L'opéra est un art dont on attend qu'il produise quelque chose de très traditionnel. Si l'on va jusqu'au bout des progrès numériques, ne va-t-on pas substituer le matériel au culturel ? Est-ce que la technologie ne va pas se substituer à l'art ? J'imagine que vous avez le souci de préserver ce qui fait la nature même de l'opéra, mais je crois qu'il faut vraiment souligner cette préoccupation.

Concernant le financement, vous nous avez dit qu'entre le montant des sommes provenant du mécénat, qui équivaut approximativement à celui de la subvention de l'État, et les recettes propres du Festival, vous avez imaginé un modèle économique exceptionnel dans le monde de l'opéra européen. Cela signifie-t-il que vous bénéficiez de davantage de ressources issues du mécénat et avez moins besoin des aides publiques ? Ou bien avez-vous trouvé l'alpha et l'oméga du financement d'un opéra – ce dont on ne pourrait que vous féliciter chaleureusement ?

Concernant les territoires – que vous évoquez –, je rappellerai qu'Aix-en-Provence fait désormais partie de la nouvelle métropole Aix-Marseille – ce qui risque, monsieur le directeur général, de complexifier un peu votre tâche. Allez-vous asseoir votre activité au niveau métropolitain sur la base d'une réflexion avec les élus ? Je crois pour ma part que, si les élus n'ont pas à interférer avec vos choix artistiques, le lien entre le Festival et les élus pourrait être plus fort – c'est en tout cas ce que je souhaite.

Quelle place donnez-vous dans votre dispositif à cette excellente initiative du Festival de Pâques qui permet de diversifier les expressions artistiques et les publics ? J'ai cru comprendre que c'était plutôt une réussite : qu'attendez-vous de ce « festival bis » ?

Enfin, je sais que vous n'avez pas souhaité être renouvelé dans votre poste de directeur. Je suis désolé de vous poser cette question publiquement, mais j'aurais souhaité savoir ce qui motive une telle décision. Le festival d'Aix-en-Provence est un beau festival : pourquoi le quittez-vous ? C'est dommage. Il serait intéressant de connaître les raisons de votre départ.

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