Monsieur le directeur général, je tiens à vous remercier pour votre présentation. Charles Baudelaire écrivait au sujet de la musique, qu'il comparaît à la mer : « je sens vibrer en moi toutes les passions d'un vaisseau qui souffre ». Musicien et compositeur, on imagine, monsieur Foccroulle, que vous éprouvez cet élan passionné jusque dans la direction du Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, que vous exercez depuis 2007. Ne faut-il pas répéter que la musique jouit d'un langage universel ? Elle peut, par sa diversité et les émotions qu'elle véhicule, représenter un atout précieux et réaffirmer notre volonté d'adoucir les rapports dans notre époque troublée, teintée de haine et de violence.
Le Festival, créé en 1948 par Gabriel Dussurget, a souvent été marqué – et le sera encore cette année avec l'opéra Cosi fan tutte – du souffle de Mozart, un musicien prodige et surdoué qui, très jeune, s'est brillamment illustré par sa capacité créatrice, entre autres.
Sans négliger, dans vos choix de programmation, les valeurs sûres en matière de direction musicale d'orchestre, vous vous tournez résolument vers une lecture innovante du répertoire. Vous avez même inscrit dans l'histoire du Festival la marque de la création contemporaine. Vous montrez en outre un intérêt certain pour la jeune génération d'artistes, ce que je ne peux qu'applaudir. L'académie rattachée au Festival en est par ailleurs une formidable illustration.
Saluons enfin votre engagement dans des projets interculturels et, entre autres, l'intégration au Festival de l'orchestre des jeunes de la Méditerranée, ainsi que le réseau Médinéa. À ce sujet, je ne m'inquiéterais pas de l'avenir, pour ce qui me concerne.
Le Festival d'Aix-en-Provence, par son rayonnement au-delà de nos frontières, marque, en douceur et en profondeur, la place de la musique lyrique dans nos pratiques culturelles. Il cultive les partenariats internationaux, comme celui qui existe depuis plusieurs années avec le théâtre du Bolchoï. On peut également mentionner celui conclu avec le Bahreïn ou celui avec la Chine, qui, conclu pour cinq ans, sera inauguré en octobre prochain avec Le Songe d'une nuit d'été. J'avais une question sur la manière dont se nouent ces partenariats, mais vous y avez répondu ans votre présentation liminaire.
Nous avons noté votre volonté d'ouverture à un public plus large, moins élitiste. Dans un souci de démocratisation et de plus grande accessibilité, vous avez inscrit dans votre démarche des actions participatives avec des établissements scolaires et des associations locales. L'initiation à l'opéra par le dispositif « Passerelles » illustre cette volonté de partage et permet surtout de prouver aux jeunes que, quelle que soit leur origine sociale ou culturelle, ils peuvent s'ouvrir à l'opéra.
L'édition 2016 du Festival d'Aix-en-Provence est prestigieuse par les oeuvres et leurs créateurs, par les artistes qui les portent, par l'innovation et la puissance créative qui les animent.
Au sujet de la démocratisation, je souhaitais aborder la question du prix des places aux spectacles : comment comptez-vous maintenir voire développer votre politique tarifaire généreuse, en particulier en direction des publics défavorisés ?
Je voudrais m'arrêter sur la gestion responsable du Festival : tri sélectif, récupération et recyclage des documents, choix des matériaux utilisés pour la confection des costumes et des décors. Autant de pratiques à saluer. Il est à noter à ce propos qu'un certain nombre d'événements, grands ou petits, tiennent compte de ces enjeux et y sensibilisent le public, notamment à Lyon.
Ma dernière question portera sur l'impact du Festival sur l'économie d'Aix-en-Provence, notamment pour les commerçants et les hôteliers : des partenariats sont-ils instaurés avec ces acteurs ? Quelle forme prennent-ils ?
Pour terminer, je voudrais rendre hommage aux femmes et aux hommes intermittents du spectacle dont la situation devra mériter toute notre attention.