Intervention de Jacques Myard

Réunion du 23 mars 2016 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Monsieur, permettez-moi de vous dire que j'ai bu du petit-lait en vous entendant. Cela fait des années que j'insiste sur les effets conjugués de la croissance démographique et de la radicalisation islamique. Celle-ci ne date pas d'hier. En tant que membre du cabinet de Michel Aurillac, j'ai eu l'occasion de visiter tous ces pays : on voyait monter déjà avec force cette radicalisation mais lorsque l'on demandait au ministère des affaires étrangères d'étudier ce phénomène, il récusait son existence. Il a fallu vraiment insister pour qu'une étude soit lancée quelques années plus tard.

S'agissant de la croissance démographique, j'aimerais rappeler la manière dont les Algériens ont pris en compte les avertissements des fonctionnaires du programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui s'étaient rendus à Alger au début des années soixante-dix pour appeler l'attention des responsables politiques sur le fait que la croissance démographique du pays annihilait tout développement. Ils les ont reconduits à l'aéroport sans en tirer les conséquences. Ce n'est que quinze ans après, quand commençait la guerre civile, qu'ils ont compris qu'il s'agissait effectivement d'un problème majeur.

S'agissant de la reconstruction régalienne, vous avez mille fois raison. Mais il faut bien voir, chers collègues, que nous n'avons eu de cesse de couper dans la coopération militaire.

Que va-t-il se passer en Afrique ? Une guerre civile.

Prenez le cas du Rwanda. Si le génocide a eu lieu, c'est tout simplement parce que le retour de 80 000 Rwandais depuis l'Ouganda a causé une pression insupportable dans un pays où la densité de la population était de 350 habitants au kilomètre carré. L'insuffisance des terres agricoles alliée à la croissance démographique est à l'origine de tout cela.

Je vais être volontairement violent : comment expliquez-vous l'aveuglement de nos tiers-mondistes en Europe et de nos salonards parisiens ? Le carcan idéologique qui pèse sur tous les analystes, nous allons le payer très cher !

Dernier point : oui au « bi-multi ». Au sein de cette commission, nous avons dénoncé depuis longtemps l'idéologie du multilatéral. Il faut en sortir car nous allons droit à la catastrophe.

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