Intervention de Anthony Requin

Réunion du 15 mars 2016 à 17h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Anthony Requin, directeur général de l'Agence France Trésor, AFT :

Il est encore un peu tôt pour dresser le bilan du programme d'assouplissement quantitatif de la BCE : la politique monétaire accommodante remonte à plusieurs années, mais le programme d'achats de titres à grande échelle n'a encore qu'un an – il y a eu un décalage avec d'autres banques centrales qui ont entamé ce mouvement depuis plusieurs années. Cette politique semble avoir été efficace aux États-Unis, où la politique de quantitative easing a été mise en place dès 2008 : l'inflation de base y est maintenant proche de 2 %, voire légèrement supérieure. Tous les espoirs sont donc permis.

J'ajoute que l'on constate déjà des effets positifs de cette politique. Tout d'abord, la fragmentation financière au sein de la zone euro s'est réduite : on observe les conséquences de ce phénomène sur les dettes gouvernementales. Les taux, mais aussi les écarts de taux, se sont réduits.

On constate également une reconvergence des taux auxquels empruntent les entreprises quel que soit leur lieu d'établissement. C'est un phénomène sain pour la zone euro. On observe encore un redémarrage de la croissance, ainsi qu'une diminution du taux de chômage agrégé au sein de la zone euro. Le programme d'assouplissement quantitatif semble donc bien soutenir la croissance. Celle-ci se traduit enfin par une augmentation des prêts au secteur privé, alors que l'encours de prêts avait diminué dans certains pays.

Quant au risque de bulle obligataire, la BCE y est très attentive. Il y a bien une augmentation de la valorisation des actifs financiers, mais elle ne semble pas déconnectée de l'évolution de l'économie générale. L'augmentation de la valeur des titres obligataires est une conséquence directe de la baisse des taux d'intérêt. En ce qui concerne les actions, la hausse de la croissance et la dépréciation de l'euro peuvent avoir des effets sur les bénéfices des entreprises : la hausse du cours des actions peut donc tout à fait traduire une anticipation d'amélioration des résultats des entreprises. Il n'est donc à mon sens pas nécessaire à ce stade de s'inquiéter du risque de bulle financière.

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