Intervention de Raymond Lang

Réunion du 30 mars 2016 à 11h00
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Raymond Lang, membre du directoire « transports et mobilités durables » de France nature environnement, FNE :

Vous me permettrez, en guise d'introduction, d'évoquer la juste place de la voiture dans la mobilité de demain. Pour contribuer à la réflexion sur ce sujet, France nature environnement a publié, en septembre 2014, un petit guide, rédigé avec la fondation PSA Peugeot Citroën, Mobivia Groupe, et Keolis.

Nous vivons dans une société dominée par la voiture dont les impacts environnementaux, sociaux et sanitaires sont nombreux. Le transport automobile est une activité polluante qui ne paie pas ses externalités. La voiture individuelle est à l'origine de plus des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre produites par le secteur des transports. Elle provoque un étalement urbain qui ne fait qu'accentuer le phénomène, et qui est la cause de l'artificialisation des sols et de la fragmentation des espaces naturels et agricoles, compromettant ainsi la fonctionnalité des écosystèmes.

Notre modèle de mobilité affecte aussi fortement la santé. Outre l'accidentologie dont la tendance baissière s'est interrompue ces dernières années, il compromet notre santé en raison des émissions de polluants, essentiellement les oxydes d'azote et les particules fines, issues de la combustion des carburants d'origine pétrolière, principalement le gazole. Ces effets en la matière ont été largement sous-estimés en raison de l'application de normes d'homologation fort éloignées de la réalité des émissions nocives, mais aussi des positions de certains membres du corps médical qui ont eu tendance à minorer les résultats d'études scientifiques. Ces émissions constituent un problème sociétal majeur que nos sociétés développées doivent régler rapidement.

Ce modèle a également des impacts sociaux. Nous observons le développement d'une mobilité subie, éloignée d'un modèle de liberté associé à la possession de biens, en vogue dans les années 1960, période de grande motorisation. La dépendance aux hydrocarbures devient de plus en plus nette, et la demande énergétique pousse à rechercher toujours plus de sources d'approvisionnement, ce qui accroît la pollution. Il serait temps de penser à utiliser d'autres moyens pour faire fonctionner les véhicules que les énergies fossiles. Même si les phénomènes de congestion semblent avoir tendance à s'atténuer dans les villes en raison de l'émergence de modes de transport doux, ils constituent toujours un problème. Il faut impérativement aller plus loin pour y mettre fin.

Le véhicule électrique a paru être une solution à privilégier dans le cadre de la transition énergétique. Cependant, les études nous montrent aujourd'hui que son empreinte écologique globale est très forte si l'on tient compte du cycle de vie intégral de tous les éléments qui le compose. La voiture électrique n'est « propre » que sur son lieu de consommation : si l'on adopte une approche globale, elle ne l'est pas davantage que les autres véhicules.

Il existe cependant un carburant plus propre. Même s'il peut être d'origine fossile, le gaz naturel est également produit de façon renouvelable et écologique. Dans ce dernier cas, l'impact de sa combustion sur l'effet de serre est quasiment nul. Cette donnée n'est pas bien prise en compte en France, alors que d'autres pays développent la carburation au gaz naturel. Je pense en particulier aux grands pays émergents comme la Chine, le Brésil, et l'Argentine où le gaz naturel est presque devenu le premier des carburants. Il faut trouver un cadre fiscal qui permette aux carburants les plus respectueux de la santé publique d'émerger dans notre pays. Certains de nos voisins, comme l'Allemagne ou l'Italie, ont déjà emprunté cette voie depuis longtemps. La France s'y était engagée en signant, en 2005, d'un « Protocole pour assurer le succès du gaz naturel véhicule (GNV) en 2010 », mais sans aboutir. Nous avons sans doute perdu une dizaine d'années ; il est temps d'envisager d'adopter un mix énergétique qui donne sa juste place au gaz naturel, c'est-à-dire au méthane.

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