Intervention de Christian Picollet

Réunion du 30 mars 2016 à 18h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Christian Picollet, directeur des Programmes et Stratégie R&T de Safran :

Pour développer une technologie sur un avion, il faut entre 15 et 20 ans. Notre industrie est donc caractérisée par la longueur de ces cycles et sa performance suppose des efforts constants et continus sur un certain nombre de solutions. Le groupe Safran développe essentiellement sa recherche et sa technologie sur les bas niveaux de TRL (Technology Readiness Level) qui correspondent à la recherche en amont. Les TRL de 0 à 4 portent sur la recherche en amont (niveaux 0 à 2 : recherche académique ; niveaux 2 à 4 : recherche exploratoire), les niveaux 4 à 6 portent sur les produits, les niveaux 6 à 9 sur l'intégration des produits sur les avions. Un chiffre élevé de TRL correspond à une sortie rapide sur le marché.

Nous avons inauguré notre centre de recherche Corporate en janvier 2015. Il traduit l'effort du groupe Safran en matière de recherche technologique amont en concentrant sur le site de Paris Saclay une équipe de 300 chercheurs recrutés pour partie à l'extérieur et pour partie à l'intérieur du groupe. Ce centre concentre et sanctuarise les efforts de recherche sur les très bas niveaux de TRL.

Parallèlement à cet effort réalisé en 2015, nous sommes acteurs de la filière aéronautique dans le cadre du CORAC, présidé par le secrétaire d'Etat aux transports. Ce Conseil a comme mission l'élaboration des feuilles de route de la recherche dans le domaine de l'aéronautique civile. Ce sont ces feuilles de route qui nous permettront d'atteindre nos objectifs et qui font l'objet d'appel à projets dans le cadre du PIA.

Elles correspondent parfaitement à l'effort de l'Europe en matière de recherche dans le cadre du programme Horizon 2020. Elles permettent de s'assurer de l'absence de doublon entre les fonds d'origine européenne et ceux qui proviennent de la France.

Les technologies qui nous permettront d'atteindre les objectifs et les engagements pris pour la filière aéronautique dans le cadre de la COP21, mais surtout auprès des organismes internationaux, ne sont pas encore connues et nécessitent donc un effort de recherche important et continu. Le PIA constitue un signal fort donné par l'État pour que la filière aéronautique continue ses efforts et tienne ses objectifs.

Des risques importants existent pour le développement de ces technologies et des échecs sont prévisibles. Le fait qu'il existe avec le PIA un cadre permettant de regrouper de manière collaborative la recherche académique, les grands groupes et les PME offre cependant la possibilité d'un travail serein.

Parmi les projets que le CORAC a mis en place dans le cadre du PIA et auxquels le groupe Safran participe, on peut citer le programme GENOME ou « gestion optimisée de l'énergie ». Il faut rappeler, en effet, que les aéronefs modernes consomment beaucoup d'énergie, qu'il s'agisse d'énergie propulsive ou non ; cette énergie est indispensable pour la cabine, les passagers, aussi bien que pour l'alimentation des calculateurs de vols. Il y a là un véritable enjeu car cette énergie est fournie par les moteurs et donc par le kérosène. Il s'avère essentiel d'optimiser la gestion des sources d'énergie, sans mettre en péril les objectifs de sécurité et en réduisant les émissions. Ces actions ont été mises en place dans le cadre du PIA 1 dont l'exécution se poursuit aujourd'hui.

Toutes les sources d'énergie sont concernées, notamment l'hydrogène qui peut être employé dans les aéronefs ; du fait qu'il constitue un gaz explosif, son embarquement nécessite toutefois la mise en place d'un écosystème adapté. Pour la gestion de l'énergie, toutes les technologies embarquées sont également concernées, ce qui impose une analyse de la configuration des avions, qu'il s'agisse des ailes, des moteurs, des matériaux ou de l'électronique.

Deux autres programmes ont été financés par le PIA, l'un sur l'avion composite, l'autre sur la propulsion ; pour toutes ces actions, il existe une collaboration du groupe SAFRAN, au sommet de l'écosystème de la propulsion avec les PME et avec la recherche académique.

Le deuxième chantier porte sur la digitalisation des usines, le fait que l'on vise une certaine optimisation, pour améliorer les cadences, réduire la consommation des entrants et améliorer ainsi la compétitivité de la filière, sachant que l'aéronautique est un secteur exportateur.

Enfin, le groupe SAFRAN est membre de certains IRT, pour l'une de ses activités de base que sont les matériaux, les métalliques et les composites. Le groupe est membre fondateur de l'IRTM2P (Institut transfilière matériaux-métallurgie-procédés), dont le siège est à Metz et qui concerne les secteurs de l'automobile, de la sidérurgie et de l'aéronautique. Le groupe SAFRAN est également membre-fondateur de l'IRT Antoine de Saint Exupéry de Toulouse, qui a une antenne à Bordeaux et qui se consacre aux matériaux composite céramique. Le groupe est aussi membre associé de l'IRT de Paris-Saclay, vouée à l'ingénierie numérique des systèmes. Il est aussi utilisateur de l'IRT Jules Verne qui concentre ses travaux sur les composites froids. Il est membre, enfin, de l'ITE basé à Satory spécialisé dans les technologies de transport, l'aéronautique et l'automobile.

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