Je concentrerai mon intervention sur tout ce qui concerne le monde du travail.
En France, la filière automobile représente encore près d'un salarié sur dix. C'est donc un des pans importants de l'activité industrielle française.
La crise économique de 2008 a placé la filière automobile dans une situation difficile. Nous avons vu un grand nombre d'externalisations, un grand nombre d'établissements fermer, la situation des sous-traitants devenir extrêmement délicate et la filière redimensionner son appareil productif à la baisse, tout cela de manière durable.
Nous n'avons eu de cesse, comme je le crois, nos collègues présents aujourd'hui autour de cette table, de souligner, lors de la mise en place de la filière automobile, à la suite des Etats généraux, qu'il était important de réfléchir à la manière de regagner des volumes de production en France et à se préparer à la redimensionner. Aujourd'hui, le risque est de devoir compter avec une filière automobile moribonde.
Nous avons constaté que certaines compétences ont pu être perdues, notamment chez les équipementiers, ce qui peut poser des problèmes à la filière automobile.
La situation de l'emploi est déterminée par le niveau de production en France. Nous avons assisté à beaucoup d'externalisations. Aussi, tous les discours sur la réindustrialisation nous laissent-ils un peu sceptiques ! Nous aimerions que l'hémorragie soit limitée à terme, et que l'on puisse conserver un bon niveau de production en France.
On a beaucoup parlé, ces dernières années, de la nécessaire internationalisation de la filière. Les grands constructeurs, les grands équipementiers sont devenus des groupes mondiaux qui raisonnent au plan international. En France, la filière s'est beaucoup attachée à la capacité d'internationalisation des entreprises françaises. FO souhaite rappeler qu'il ne faut pas oublier non plus nos capacités d'exportation et nos savoir-faire. Si l'on veut défendre nos emplois et nos savoir-faire, il convient de continuer à soutenir nos établissements, nos usines, nos centres de recherche.
J'en viens au diesel qui a été au coeur du scandale Volkswagen, mais pas uniquement. Comme les organisations qui sont autour de cette table, nous ne sommes pas insensibles aux questions environnementales. Il est donc important de se diriger vers une industrie propre. Il faut trouver le point d'équilibre entre l'intérêt économique des entreprises, la problématique environnementale et surtout le volet social. J'appelle l'attention de la mission d'information sur l'enjeu que représente la diésélisation de la filière pour l'emploi en France.
Les constructeurs français sont des diésélistes tout à fait performants au plan mondial, et le parc automobile est diésélisé dans une très forte proportion. Il faut prendre garde aux évolutions et à leur rythme, pour permettre des reconversions raisonnées des établissements.
Il ne faudrait pas voir fermer, comme cela fut le cas après 2008 chez les constructeurs, les usines de motorisation. Nous préférerions pouvoir travailler sur des reconversions douces.
Il est important également d'envisager la situation de notre industrie automobile en France à travers le prisme de ce qui se passe chez nos principaux voisins, notamment les Allemands qui ont une forte capacité de lobbying et savent très bien comment protéger leur propre industrie.
J'appelle votre attention sur le fait qu'il faut bien mesurer quelles sont les mutations importantes, pour que les groupes qui sont implantés sur le territoire – ils ne sont pas tous français – puissent maintenir des emplois et des savoir-faire.
Enfin, il faut intégrer l'aval de la filière dans la réflexion sur l'automobile. En effet, ce secteur compte pour beaucoup – le commerce représente 400 000 salariés – et il tiendra probablement une grande place dans les réflexions à venir sur les mutations de l'automobile.