Madame la secrétaire d’État chargée des collectivités territoriales, la ligne nouvelle Paris-Normandie, la LNPN, est l’un de ces projets dont on se demandera, dans de longues années – quand les recours seront épuisés, quand la contestation restera farouche, quand les « zadistes » tolérés à Notre-Dame-des-Landes et ailleurs se seront installés –, quelle sont son utilité réelle et sa rentabilité.
Ce projet est-il vraiment central pour le développement de la région normande ? Quels en seront les profits pour les régions traversées, notamment pour la vallée de la Seine, qui verront passer les trains ? Gagner deux à trois dizaines de minutes pour quelques trains par jour, sur les trajets Rouen-Paris, et un peu plus sur la ligne Le Havre-Paris, vaut-il que l’on sacrifie des terres agricoles productives, toujours préférées aux espaces de forêts, pourtant en développement constant ? vaut-il que l’on dégrade les conditions de vie des habitants des nombreux villages qui seront impactés ? Les ressources étant rares, ne vaut-il pas mieux préférer l’investissement dans la régularité et la sécurité des infrastructures et lignes existantes ?
Ces questions restent sans réponse, alors que le rouleau compresseur parfaitement huilé du débat public sur le choix des fuseaux et des tracés avance, avec son lot de concertations et de consultations. Comme toujours, il s’agit de donner le change : différents fuseaux possibles sont présentés, pour enrichir le débat et parfois même l’orienter.
Parmi les impacts du projet de LNPN, celui de la consommation des espaces agricoles est l’un des plus préoccupants. Comme partout en France, la question de la préservation des terres agricoles est centrale, mais elle l’est encore plus en Île-de-France, où l’agriculture subit des contraintes lourdes et particulières.
Aussi, dans l’attente de réponses à propos de la justification du projet, ne pourriez-vous pas montrer, à ce stade du processus, votre volonté sincère de prendre en compte l’enjeu agricole, en éliminant dès maintenant les fuseaux dont l’empreinte agricole est de toute évidence la plus destructrice ?