Monsieur le ministre de l’aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales, ma question concerne l’accès aux services publics en milieu rural.
La France est le pays du service public, expression du principe d’égalité. Qu’ils vivent en ville ou à la campagne, les citoyens ont droit à un service public de proximité. Dans les territoires ruraux, le renforcement de cette proximité est un acte de solidarité. C’est ce que nous ressentons dans le Nord, particulièrement en Flandre intérieure, où je suis élu.
Lors des dernières élections, les habitants des villages, plus que les autres Français, ont montré leur colère et surtout un certain sentiment d’abandon. Celui-ci s’est manifesté par un recours au vote extrême. Il est donc urgent, monsieur le ministre, de lutter contre ce sentiment et de ramener la République dans les campagnes. C’est tout l’enjeu du comité interministériel aux ruralités, mis en place par le Gouvernement en 2015.
Malgré les différentes mesures concrètes proposées, les élus et les administrés de ma circonscription sont encore inquiets. Leurs motifs d’inquiétude sont nombreux.
Ils touchent d’abord à l’accès aux soins, quand le centre hospitalier d’Hazebrouck n’est toujours pas pourvu d’un IRM.
Je pense aussi à la prise en charge du handicap : faute de place dans notre pays, de trop nombreux citoyens de Flandre intérieure vont chercher un accueil adapté en Belgique, de l’autre côté de la frontière. Pourtant, des projets existent et méritent le soutien de l’État : il en est ainsi de la maison d’accueil spécialisée portée par l’association des Papillons blancs.
L’éducation suscite aussi des craintes chez les habitants et les élus locaux. L’école est très souvent le seul lieu de rencontres quotidiennes pour les habitants.
L’accès au numérique est également très attendu mais comment faire quand tous nos administrés n’ont pas encore accès à un haut débit de qualité ?
En matière de sécurité, la mutualisation des commissariats de Bailleul et d’Armentières inquiète usagers et élus.
Une autre problématique, bien connue en milieu rural, est celle de la mobilité, en particulier des jeunes. Quelle solution pouvons-nous leur apporter alors qu’ils représentent une formidable opportunité d’essor pour nos territoires ?
Face à ces craintes, rappelons que certaines mesures dépendent aussi de l’engagement des autres collectivités. S’agissant du plan numérique à l’école, par exemple, Mme la ministre de l’éducation nationale a lancé un appel à projets à destination des départements pour doter les collèges de matériel numérique. Dans le Nord, la nouvelle majorité départementale vient de se désengager du projet éducatif global. Nos priorités semblent différentes : nous sommes quelques-uns à douter de la volonté du département de participer à ce projet, qui concerne pourtant de nombreux collèges de ma circonscription.
Il en est de même pour les conventions ruralité en matière d’éducation, qui doivent favoriser les regroupements en milieu rural. Ces conventions permettent à l’État de maintenir les postes pendant trois ans à condition que le département s’engage à favoriser des initiatives pédagogiques dans les villages.
Le maintien de l’école de Zermezeele, l’an dernier, et plus récemment celui du regroupement pédagogique intercommunal comprenant Zermezeele, Oxelaëre, Bavinchove et Hardifort, ont été une longue bataille. Aujourd’hui, les quatre communes envisagent de créer une classe passerelle au sein de l’école maternelle mais cela ne pourra se faire sans le partenariat de l’État, du département et des collectivités locales.
Monsieur le ministre, quels sont les moyens mis en oeuvre pour renforcer les capacités des territoires ruraux ? Par ailleurs, comment les soutiens de l’État et ceux des différentes collectivités s’articulent-ils pour garantir aux citoyens un accès aux services publics ?