J’aurais souhaité poser ma question à M. Le Foll, qui connaît bien le combat que nous menons depuis années en Camargue pour défendre la riziculture.
La réorientation des aides couplées, relevant du premier pilier de la PAC, la politique agricole commune, s’est faite au profit des cultures céréalière, si bien que la riziculture de Camargue – unique région de France où est pratiquée cette production particulière – connaît une crise plus grave d’année en année et risquant de lui être fatale. Les surfaces cultivées ont déjà diminué de 50 %, passant de 20 000 hectares en 2012 à une dizaine de milliers d’hectares en 2015. Comme je l’ai fait constater à M. Le Foll, la France est le seul pays européen où les riziculteurs ne bénéficient pas d’aides : les autres pays producteurs de riz, notamment le Portugal, l’Espagne, l’Italie ou la Grèce, en distribuent tous.
La disparition de la riziculture poserait évidemment un problème économique mais porterait aussi atteinte au label de la France, dans ce domaine où elle possède de grands savoirs. Elle viendrait s’ajouter aux difficultés économiques et sociales déjà très fortes de la région : plus de 2 000 personnes sont concernées et l’usine de traitement d’Arles devrait fermer.
La situation est donc très préoccupante. Dès que je me lève, M. Le Foll sait que ce sera pour défendre la riziculture. Au risque de le lasser, je veux répéter que le problème dépasse la culture du riz : sont également en jeu celles des légumes et des fruits, qui dépendent également de l’eau douce introduite en Camargue pour maintenir l’équilibre écologique de ce milieu.
À peu près à mi-parcours de la politique agricole commune 2014-2020, nous avons besoin d’assurances, faute de quoi nous serons confrontés au désespoir des riziculteurs. Résidant au milieu des rizières, je vois bien vers qui se tournera d’abord ce désespoir… La renégociation des aides couplées est le seul moyen de résorber la crise de la riziculture et véritablement de sauver ce secteur.