Intervention de l'amiral Édouard Guillaud

Réunion du 11 juillet 2012 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées :

Le coût du retrait d'Afghanistan sera variable en fonction des contrats d'affrètement que nous aurons. Cette année, j'estime qu'il sera équivalent au coût de notre présence. Autrement dit, les surcoûts OPEX liés à l'Afghanistan resteront sensiblement équivalents.

S'agissant de l'armée nationale afghane, nous estimons qu'elle n'aura pas les capacités aériennes nécessaires avant 2016. Elle a donc besoin de soutien aérien et, pour parer au plus pressé, les Américains essaient actuellement de lui donner une ossature de transport aérien par hélicoptère. Cela reste néanmoins une préoccupation et fait l'objet de discussions qui ne sont pas encore tranchées entre la coalition et le gouvernement afghan. Nous serons partie prenante dans la poursuite de la formation de l'armée nationale afghane, même si le nombre de nos formateurs doit diminuer car nous commençons à former les formateurs afghans. Pour la France, comme je vous l'ai dit, cela représentera entre 450 et 500 hommes, tout compris, c'est-à-dire le dispositif de soutien et de protection des formateurs inclus.

Ensuite, s'agissant, des capacités de soutien supplémentaires, les Afghans acquièrent rapidement des capacités d'artillerie et de génie dont ils ne disposaient pas il y a un an. Il leur manquera l'appui aérien, plus à base d'hélicoptères de combat d'ailleurs qu'à base d'avions de chasse type Mirage 2000 ou F-16. C'est un sujet en pleine discussion entre les cinquante pays de la coalition qui n'ont pas tous la même vision.

Quant aux possibilités de visite, il est vrai que la zone n'est pas simple. Le général Allen vient d'indiquer que ce n'était vraiment pas le moment d'y aller car nous sommes en saison verte, celle de feuillaison – cela vaut pour les montagnes afghanes, pas pour la région de Kandahar. Je sais à quel point il est désagréable pour vous de vous voir opposer des refus, mais à certaines périodes en 2008 et 2009, 60 % des capacités de transport français aérien en Afghanistan avaient été mobilisées pour les visites !

S'agissant du contrat de projection de 30 000 hommes, non, il n'est pas atteignable en l'état, notamment pour les raisons que vous évoquez. Mais encore faut-il savoir si c'est une opération à 30 000 ou de plusieurs opérations dont le total fait 30 000 ! Nous sommes actuellement 5 000 sur une vingtaine d'opérations et, l'an dernier, lorsque nous étions montés à 13 500, j'avais sept opérations majeures en cours simultanément. Au même moment, les Britanniques étaient 11 000, mais ils étaient à un seul endroit. À ces effectifs des forces engagées, il faut ajouter le réservoir opérationnel que constituent les forces de présence et de souveraineté et les forces en alerte. Ce contrat à 30 000 doit donc être appréhendé avec une certaine prudence. Enfin, se pose la question : une seule opération à 30 000, pour répondre à quelle ambition ? Et là j'attends beaucoup du Livre blanc. C'est au chef des armées et à la représentation nationale de déterminer où sont nos intérêts stratégiques. Je ne serais pas surpris que l'on nous dise qu'il faut plutôt raisonner en termes de capacité, et si nous réussissons à bien travailler avec les Européens, nous pourrons agréger certaines choses pour faire une structure répondant aux besoins.

Quant au mandat du général Abrial, il prendra fin en septembre. Le chef des armées déterminera en liaison ave l'OTAN qui il enverra à sa place.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion