Vous avez joué ces derniers mois avec l'opinion et avec les parlementaires. À vous écouter hier, il n'était même pas question d'adoption.
Et pourtant, la logique même de votre raisonnement vous porte jusqu'à ce point. Reprenons votre démonstration. Vous posez la liberté des adultes comme principe absolu. Vous considérez que les règles biologiques de la procréation sont source de discrimination. Vous faites évoluer les règles de l'adoption pour ouvrir le droit à l'enfant. La suite évidente de ce raisonnement est la procréation médicalement assistée, le passage, à terme, par les bébés éprouvette. Certains parmi vous ont d'ailleurs eu la franchise, hier, de l'admettre.
Dès lors, pourquoi s'arrêterait-on à la procréation médicalement assistée ? Comment expliquer, en vertu de votre raisonnement, que ce que vous accordez aux couples homosexuels féminins ne soit pas ouvert aussi aux couples homosexuels masculins ? La suite logique sera la gestation pour autrui, au nom précisément de votre conception de l'égalité et de la lutte contre les discriminations. Assumez au moins l'ensemble de votre pensée ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Ce n'est même pas la cohérence de votre pensée que nous vous reprochons, mais les efforts que vous faites pour la dissimuler dans les méandres de l'ambiguïté. Assumez au moins devant les Français l'ensemble du projet que vous cherchez à mener à bien !
Madame la garde des sceaux, pour reprendre les propos que vous avez tenus hier, qui est hypocrite ici ? Qui dissimule la vérité aux Français ? (« Vous ! » sur les bancs du groupe SRC.) Qui joue avec les convictions ? (« Vous ! » sur les bancs du groupe SRC.) Qui se drape dans la moralité pour cautionner une marchandisation du corps féminin qui n'a rien de moral ? (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Oui, vous avez caché la réalité de votre projet. Alors que nous nous apprêtions à débattre d'une loi, vous faisiez passer à la sauvette une circulaire. Alors qu'ici, devant les députés, vous refusiez de donner votre position, on préparait discrètement dans les bureaux de votre ministère ce document. Alors que le Président de la République feignait d'émettre des réserves, vous ouvriez la voie pour la première fois en France à la reconnaissance de la marchandisation du corps. Au moins cette circulaire met-elle fin au jeu de dupes que vous avez pratiqués ! (Vives protestations sur les bancs des groupes SRC, écologiste et GDR.)