Nous avons le sentiment de parler ici de la modification du droit civil de la famille.
Monsieur Wauquiez, vous avez dit : « Non, c'est une réforme sociétale, c'est donc une réforme sociale, cela relève de l'article 11 de la Constitution. » Là encore, je vais faire appel à votre mémoire et aux écrits de Pascal Clément et de Jacques Toubon.
Pascal Clément, juriste éminent, a présidé la commission des lois de notre assemblée et a été garde des sceaux. Le 11 juillet 1995, il a déposé un amendement visant à ouvrir le référendum aux questions de société. Il disait – j'imagine que vous allez vous retrouver – qu'il fallait cet élargissement parce que restreindre la compétence du peuple français aurait quelque chose d'inexplicable. Vous en êtes d'accord.
Jacques Toubon, garde des sceaux, membre de vos organisations politiques, a répondu : « Non, nous ne ferons pas cela, parce que nous considérons qu'il ne faut pas se risquer sur ce terrain, de peur de remettre en cause les principes fondamentaux reconnus par le Conseil constitutionnel et par l'ensemble des textes depuis le Préambule de 1946. Cela ferait courir un très grand risque à l'équilibre des institutions et aux libertés dont bénéficient les Français, et nous nous y refusons ». C'est Jacques Toubon qui parle, ce n'est pas Christiane Taubira, ce n'est pas non plus Dominique Bertinotti. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Depuis, rien n'a bougé. Pourtant, cela aurait pu en 2008, parce que des amendements ont été déposés dans cet hémicycle par des collègues membres du groupe UMP qui demandaient l'élargissement du champ du référendum aux questions de société. C'est Mme Rachida Dati, garde des sceaux (« Ah ! » sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP), c'est Jean-Luc Warsmann, président de la commission des lois qui ont dit non !
Vous nous avez parlé de François Mitterrand, monsieur Wauquiez. François Mitterrand avait en effet proposé, en 1984, d'élargir le champ du référendum. Qui a dit non ? Le Sénat, où vous étiez majoritaires !