Intervention de Bernard Cazeneuve

Réunion du 5 avril 2016 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur :

En effet. Il s'agit, pour ce qui les concerne, d'activistes cyniques qui n'ont pour les migrants aucune considération et qui instrumentalisent la question migratoire à des fins politiques. C'est d'eux que je parle, eux qui organisent une agitation perpétuelle, manipulent, mentent, provoquent, qui sont d'un courage très relatif puisque, lorsque les migrants sont sur la rocade, ils se trouvent derrière eux, dans les bosquets, pour les pousser en avant, tandis que les forces de l'ordre tentent d'éviter les tensions et d'éviter des morts. Je n'ai donc aucune considération pour ces groupes et je les qualifie pour ce qu'ils sont. Je les combats puisqu'ils sont à l'origine d'une partie des difficultés. Je tiens à ce que mes propos soient consignés au compte rendu de façon que les choses soient bien claires.

Dans le même temps, je le répète, nous pouvons certes avoir des relations difficiles avec certaines associations comme Médecins du Monde, mais nous reconnaissons qu'elles font un travail très important, sans lequel les choses seraient plus difficiles et, à ce titre, elles méritent toute notre considération.

J'en viens à l'accord entre l'UE et la Turquie. Il est critiqué mais avant qu'il ne soit conclu on critiquait le fait que la Grèce soit seule face à elle-même, on regrettait l'absence de contrôle des frontières extérieures… Nous avons décidé que ceux qui arrivaient irrégulièrement devaient s'en retourner, dans le cadre d'un accord de réadmission, et que ceux qui, s'en étant retournés, relevaient, en Europe, du statut de réfugiés, seraient accueillis dans de bonnes conditions – c'est donc une manière d'éviter à la Grèce d'être confrontée à un problème qu'elle ne sait pas gérer et une manière pour nous de contrôler nos frontières.

On dit des choses fausses sur la façon dont la Turquie accueille les réfugiés. Je me suis rendu sur place avec mon homologue allemand Thomas de Maizière, il y a un mois et demi, et je n'ai pas seulement rencontré les autorités turques. Au cours d'un petit-déjeuner, j'ai été frappé par les propos des représentants d'organisations des Nations-Unies telles que le Fonds des Nations-Unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR)… Mes interlocuteurs m'ont en effet indiqué que les Turcs avaient accueilli 2,5 millions de réfugiés et que ceux, parmi ces derniers, qui se trouvaient dans les camps bénéficiaient d'un standard d'accueil bien meilleur que celui dont les organisations onusiennes étaient capables. En outre, les Turcs ont accueilli 250 000 enfants dans les écoles. Ils sont allés chercher les enseignants qui parlaient syrien dans les camps pour que les enfants puissent bénéficier d'un enseignement dans leur langue. Aussi le sujet est-il toujours plus compliqué qu'on ne le croit et je rejoins François Loncle sur le caractère réducteur de certains commentaires et la superficialité de certaines analyses. Les Turcs ont fait beaucoup et nous devons nous organiser avec eux dans le cadre d'une relation équilibrée pour que nous puissions procéder à la réinstallation des réfugiés à partir de la Turquie. La France le fera, pour sa part, en fonction des effectifs convenus, notamment à partir du Liban où je me suis rendu pour dire que nous prendrions nos responsabilités, mais aussi à partir de la Jordanie et, donc, à partir de la Turquie.

Jean-Paul Bacquet estime que la France mériterait d'entendre davantage ce que je dis. Je vais vous envoyer toutes les matinales, toutes les émissions auxquelles j'ai participé et je vous propose de bien vouloir les relayer. M. Bacquet a même comparé le film qui vous a été projeté à ce que faisait le SIRPA et François Loncle n'est pas loin de penser qu'il est digne de la télévision d'avant la Perestroïka.

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