Intervention de Arnaud Leroy

Réunion du 27 avril 2016 à 16h45
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Leroy :

Je vous remercie, monsieur le commissaire, d'avoir évoqué les valeurs morales de l'Union européenne. Car c'est sur ce terrain que nous devons nous replacer quand nous évoquons la crise des réfugiés. N'oublions pas la deuxième guerre mondiale. Pour les hommes de ma génération, les récits ramenés par notre collègue Marietta Karamanli sont proprement incroyables. Nous avons également entendu des médecins de Médecins sans frontières (MSF) au sujet de l'état des réfugiés dans les camps.

L'urgence humanitaire s'impose à nous : qu'en est-il des enfants perdus ? Des milliers disparaissent dans les camps ou même à Calais. Vous devez venir en aide à l'ensemble des associations qui s'engagent, comme le fait MSF à Grande-Synthe, avec l'appui du maire courageux de cette ville. Car nous sommes les héritiers des valeurs morales européennes qui nous ont été transmises à travers les siècles.

Vous avez évoqué le président Obama. Mais faut-il attendre encore une solution américaine ? L'Europe doit s'assumer elle-même et assumer sa puissance, dans de nombreux domaines, y compris en matière de défense. Mes réflexions rejoignent ici celles de notre collègue Pierre Lequiller sur un plan Marshall pour l'Afrique. Comment notre communauté de destin avec elle peut-elle se construire, notamment avec l'Afrique du nord et le bassin méditerranéen ? Quand ce serait seulement eu égard à la faible distance géographique qui nous en sépare, nous ne pouvons rester passifs ; il ne sera pas suffisant de dresser des grillages qui pèseront peu devant la fureur de vivre des migrants.

Avant d'évoquer la question de Schengen, comme les échéances de 2017 nous en donneront l'occasion, il faut traiter l'urgence de la situation des femmes et des enfants perdus. Cela ne veut certes pas dire, toutefois, ouvrir notre pays à tous les vents.

Quelle liaison doit-on faire entre le non-respect des règles européennes par certains États membres et les obligations qui leur incombent ? Car je suis marri de payer pour les États membres qui se mettent d'eux-mêmes en marge du projet européen. Ils ne veulent pas de migrants ? Eh bien, qu'ils ne reçoivent plus non plus de fonds structurels européens ! Certains ne veulent profiter que des bonnes occasions.

En 2004, certains avaient déjà dit qu'il convient, comme on dit dans le rugby, de remettre l'église au milieu du village. Si nous ne faisons rien, devant cette crise majeure, nous y perdrons nos espoirs et nos valeurs. Dans son premier discours devant le Parlement européen en tant que président de la Commission européenne, le président Jean-Claude Juncker avait présenté son équipe comme celle de la dernière chance. Évitons de lui donner raison d'ici 2019 !

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