Notre tradition latine nous fait placer la liberté de la presse au-dessus de tout, ce qui n'est pas le cas chez les Anglo-saxons, lesquels appliquent la règle du contempt of court – « outrage au tribunal » –, en vertu de laquelle, lorsqu'un journaliste viole l'interdiction décrétée par un juge de divulguer des informations concernant une enquête en cours, il est puni de deux ans de prison et d'une peine d'amende si lourde qu'un journal y regarde à deux fois avant de publier des informations confidentielles.
Compte tenu de la menace que les chaînes d'information en continu ont fait peser sur la vie de certains otages, notre commission d'enquête se demande si nous ne devrions pas prévoir un dispositif répressif – et je n'ai pas peur du mot. Lorsque l'on a des responsabilités aussi importantes que les vôtres, il me semble en effet que l'on a des comptes à rendre à la société. Or aujourd'hui, en dehors de vos chartes déontologiques et de votre conscience professionnelle, rien ne pose de limites aux journalistes, y compris quand il y va de la vie de certaines personnes.