Chers collègues UMP, nous qui sommes tout particulièrement attachés à la famille, moi tout comme vous, nous devrions nous réjouir que davantage de personnes revendiquent les valeurs familiales.
En fait, si l'ouverture du mariage pour les personnes de même sexe semble largement acceptée, ce qui semble faire obstacle dans les consciences à l'idée même de cette union, c'est surtout la possibilité accordée aux couples homosexuels d'adopter des enfants. Je peux comprendre, là aussi, que cela soit difficile à concevoir, même si l'adoption par les célibataires homosexuels est d'ores et déjà autorisée. Pourtant c'est une réalité : il existe aujourd'hui, dans notre pays, des dizaines de milliers de familles homoparentales. Il ne s'agit donc pas de créer de nouvelles formes de familles ni de les ériger en modèle, mais de donner à ces familles les mêmes droits et les mêmes protections qu'aux autres. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)
Lors d'un décès, cela conduira, par exemple, au versement d'une pension de réversion au conjoint survivant. De même, l'ouverture de l'adoption permettra de mieux protéger les enfants qui grandissent dans les familles homoparentales car ils vivent aujourd'hui dans une précarité juridique. C'est une réalité, mes chers collègues ! Ces dizaines de milliers d'enfants, qui sont tout autant que les autres les enfants de la République, doivent avoir les mêmes protections que les autres. Une telle évolution évitera notamment d'ajouter à la douleur du décès d'un parent la douleur de l'arrachement à l'autre, le conjoint survivant n'ayant actuellement pas d'existence juridique à l'égard des enfants qu'il a élevés et aimés. Loin de porter atteinte aux droits de l'enfant, j'affirme au contraire que ce texte les renforce.
Certains avancent que le droit à l'enfant va prévaloir sur le droit de l'enfant. Ce sont bien évidemment les droits de l'enfant qui en priorité doivent nous guider, et, dans ce texte, ils ne sont pas menacés. Dire le contraire, c'est affirmer que les homosexuels ne seraient pas capables d'être de bons parents. Un couple de même sexe serait-il moins apte à élever un enfant, et à en faire un adulte responsable et épanoui ? Ma réponse est non, clairement non, pas moins ni plus qu'un autre couple.