Intervention de Hervé Féron

Réunion du 27 avril 2016 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

Au nom du groupe Socialiste, républicain et citoyen, je vous remercie, monsieur le président, d'avoir accepté de venir devant la représentation nationale à l'issue d'une année particulièrement difficile pour l'Institut français du point de vue de la gouvernance. Il nous faut saluer la création par l'Institut, en 2016, de la Bourse Denis Pietton, qui sera attribuée chaque année à un jeune acteur de la société civile d'Afrique du Nord ou du Moyen-Orient engagé dans des domaines comme l'éducation, les droits des femmes ou la santé. Quel plus bel hommage, en effet, pouvait-on rendre à Denis Pietton, unanimement décrit comme un diplomate global, humaniste et passionné, que de continuer à soutenir le courage et l'engagement citoyen sous toutes ses formes ?

Forger un outil au service d'une diplomatie globale qui sache conjuguer tous les aspects de notre influence dans le monde, telle est l'ambition du ministère des affaires étrangères. Il peut donc s'appuyer sur l'Institut français, car l'action culturelle extérieure de la France est essentielle à la poursuite de cet objectif. En effet, l'influence à la française que vous avez évoquée ne se mesure pas uniquement au nombre d'armes vendues ou de litres de pétrole écoulés.

La vitalité et l'originalité des formes d'art et de culture soutenues par l'Institut français sont remarquables : en témoigne votre rapport d'activité, qui fourmille d'événements passionnants. Citons, parmi les nombreuses et diverses initiatives que vous soutenez, la présence d'un pavillon français onirique, tout de verre et de végétaux, à la Biennale d'art de Venise ; le programme « FranceDanse » à Ekaterinbourg et à Moscou, qui lie depuis cinq ans artistes français et structures russes ; l'exposition itinérante « Actrices », en hommage à la regrettée photographe Kate Barry ; l'opération « Shoot the Book ! », qui propose à des producteurs de films du monde entier des projets d'adaptation d'oeuvres littéraires publiées en France. L'Institut français conduit ainsi quelque 2 000 projets culturels ou artistiques dans 96 pays, donnant tout son sens aux mots de Montaigne cités dans le rapport : « Il n'est aucune qualité si universelle […] que la diversité et variété. »

Mais la mission de l'Institut français va bien au-delà de la seule coopération culturelle. En effet, l'Institut joue un rôle diplomatique essentiel. L'animation, depuis plus de trente ans, des saisons culturelles croisées y contribue. On a cité l'année de la Corée en France, en 2015, suivie de l'année de la France en Corée, en 2016. Ce n'est pas un hasard s'il a été décidé en janvier 2015 d'organiser une année France-Colombie – un pays en plein essor. Bref, à bien des égards, les événements estampillés comme culturels reflètent les relations diplomatiques ; ils peuvent même exercer sur elles une influence déterminante.

En ce qui concerne la collaboration entre l'Institut français et les collectivités territoriales, j'ai lu que 450 projets artistiques par an étaient réalisés dans ce cadre. Ainsi, la métropole de Rennes a bénéficié cette année du soutien de l'Institut à son projet French Miracle Tour. Il semblerait toutefois que ce partenariat ne soit mis en oeuvre qu'avec les grandes collectivités territoriales françaises. À quelles conditions une collectivité peut-elle passer une convention avec l'Institut français, et pourquoi ne pas envisager de partenariats avec de plus petites collectivités, afin de favoriser l'égal accès de tous à la culture, y compris dans les territoires enclavés ?

On lit également dans le rapport que l'entreprise BA Système a soutenu la Biennale d'art de Venise par un apport en compétences et en nature destiné au projet « rêvolutions », c'est-à-dire au pavillon choisi pour représenter la France lors de cet événement. Pouvez-vous nous en dire davantage sur la place que votre projet accorde au mécénat, encore relativement peu développé dans notre pays ? L'Institut français a-t-il l'intention d'encourager cette pratique dans le cadre de sa collaboration avec un réseau de professionnels ?

Enfin, j'ai appris avec intérêt l'existence d'IFcinéma, plateforme de films en ligne destinée au réseau culturel français à l'étranger et à ses partenaires proches. La francophonie représentant un enjeu de première importance et l'Institut français étant réputé et sollicité pour son offre unique de films francophones, pourquoi ne pas faire d'IFcinéma une « super plateforme » de diffusion de films français, accessible à tous les utilisateurs à l'étranger en contrepartie d'une somme modique – bref, une sorte de Netflix public français ?

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