Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 27 avril 2016 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

Au nom du groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste, je salue la délégation du groupe d'amitié Cameroun-France et je vous remercie, monsieur le président, madame la directrice générale déléguée, de votre présence ainsi que de la présentation très précise de votre rapport que vous nous avez livrée.

Vous avez endossé un rôle-phare, monsieur Foucher : présider l'Institut français est une charge importante, que vous assumez avec l'appui de vos administrateurs et collaborateurs ainsi que des salariés de l'établissement – au nombre de 143 fin 2015 –, pour une diplomatie de haute influence.

Il ne suffit pas, en effet, de se convaincre que la culture française bénéficie, par son patrimoine et ses innovations, d'un rayonnement hors pair : encore faut-il mettre en oeuvre des actions et des missions qui le prouvent. C'est à l'évidence ce à quoi s'emploie l'Institut français, comme le montrent le rapport et vos propos, en dépit, nous l'avons compris, des difficultés de gouvernance.

Le rayonnement de la France dans le monde contribue à l'attractivité de notre pays. Nous appartenons au « Tout-Monde », comme le dit si bien Patrick Chamoiseau. Madame Tallineau, dans votre introduction au rapport, vous citez également Montaigne pour évoquer la diversité. Notre langue, notre cinéma, notre spectacle vivant, nos écrivains et nos artistes trouvent un écho dans les cultures du monde qu'ils côtoient : c'est l'échange qui fait leur force, c'est par lui qu'ils se nourrissent et qu'ils nourrissent les autres. Le rapport le montre clairement.

Ainsi, dans le secteur du cinéma, des partenariats ont été instaurés avec plusieurs pays – l'Italie, le Liban, l'Allemagne. C'est un aspect important de l'éclectisme de vos actions. Je pense aux Cinémas du monde, à CinEd ou encore à « La Belle Saison », festival destiné à la jeunesse.

Quel objectif l'Institut français peut-il poursuivre par le soutien aux arts, aux artistes, aux industries culturelles, par la promotion de la littérature, par la participation à des festivals et biennales, sinon le développement des cultures, vecteur privilégié des relations entre les hommes, auquel contribue désormais le numérique ? On ne peut que saluer cette promotion d'une culture innovante, transversale, offensive, qui a su prendre le virage du numérique. Je songe tout particulièrement à Culturethèque, véritable bibliothèque numérique qui connaît un vif succès, relance l'industrie du livre et rajeunit le public. Les nouvelles technologies sont aussi un atout pour la culture. Au vu de cette réussite, pensez-vous aller plus loin en développant d'autres actions, à propos de thématiques différentes, afin de rendre la culture attractive et accessible à tous ?

L'Institut français contribue également à l'apaisement des territoires dans lesquels il est implanté. En témoigne la réouverture du centre culturel de Gaza, il y a quinze jours à peine. La reprise des cours de français et la préparation des examens du diplôme d'études en langue française (DELF) sont un symbole : ce sont les premiers pas d'une diplomatie retrouvée.

Vous évoquez à plusieurs reprises dans le rapport la diversité culturelle que l'Institut développe, voire impulse. Je ne peux que vous approuver. Plusieurs centaines de projets sont financés et réalisés dans les domaines du cinéma, du livre, du spectacle vivant ; 450 projets artistiques sont ainsi menés à bien chaque année avec les collectivités territoriales. Ces projets sont choisis pour être la vitrine de la culture française. Il s'agit d'une forme de marketing territorial culturel vertueux, à propos duquel je me demande toutefois si des candidats – artistes, compagnies, associations – peu connus, émergents, bénéficient de la même considération que d'autres plus renommés. La question se pose également pour les quelque 700 créateurs et professionnels étrangers invités et accueillis en France.

Ainsi que vous le soulignez, pour accomplir ces missions, il vous a fallu composer en 2015 avec un budget affecté par la diminution des subventions de l'État : alors que les produits atteignaient 46,8 millions d'euros en 2014, ils ne sont plus que de 41 millions environ en 2015. En outre, la part du financement public, bien qu'en baisse, représente 74 % de l'ensemble des produits en 2015, contre 66 % en 2014.

Il semble que la part du mécénat dans vos ressources n'ait pas toujours été à la hauteur des espérances. Vous avez évoqué quelques pistes pour y remédier. Des difficultés sont d'ailleurs apparues avec le report des levées de fonds relatives à l'opération « Louvre à Abu Dhabi ». Dans ce contexte, vous paraît-il possible de diversifier davantage les sources de mécénat ? Selon vous, le financement privé peut-il porter atteinte à votre mission de service public ?

Quant aux 40 pays prioritaires qui ont été identifiés comme cibles des missions futures, nous avons bien compris que cette restriction est consécutive aux contraintes budgétaires et nous attendons avec impatience un premier bilan de ce nouveau fonctionnement.

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