Intervention de Daniel Fasquelle

Réunion du 27 avril 2016 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle :

Je copréside le groupe d'étude sur l'autisme avec Gwendal Rouillard.

Il existe un décalage entre le discours officiel et ce que vivent les familles. Je ne mets pas en cause la bonne volonté des uns ou des autres, mais une étude de 2014 du Collectif autisme montre que 44 % des autistes en France sont victimes de mauvais traitements ou de carences de soins, et la France a été pointée du doigt le 4 février par le Comité des droits de l'enfant de l'ONU, qui a constaté des cas de maltraitance à l'égard des enfants autistes. Des avancées ont eu lieu : trois plans autisme, la loi de 2005, l'autisme déclaré grande cause nationale en 2012, les recommandations de la HAS en mars 2012, mais cela ne va pas assez vite ni assez loin.

Que peut-on faire pour améliorer le dépistage ? Plus un enfant est dépisté tôt, plus il est pris en charge efficacement. Il faut que l'autisme soit détecté entre un et trois ans, car 70 % des enfants bien pris en charge peuvent alors acquérir un niveau de langage fonctionnel dès sept ou huit ans.

Quand va-t-on interdire la psychanalyse en France, dont on sait qu'elle est absolument inefficace dans le traitement de l'autisme ? Des moyens considérables sont mobilisés pour financer des traitements psychanalytiques, alors qu'on manque de moyens pour financer les traitements efficaces basés sur les méthodes éducatives et comportementales. Dans ma commune, nous avons créé avec les parents, qui étaient désespérés, une école parentale pour enfants autistes, afin de financer quelques professionnels et faire appel à des bénévoles, et des enfants qui n'avaient fait aucun progrès pendant des années en ont fait de fulgurants en quelques mois.

Un autre combat : il faut que ces enfants soient accueillis en milieu scolaire ordinaire, car 80 % sont encore exclus de l'école. Une partie d'entre eux sont dans des IME, mais ces instituts ne sont pas convenablement outillés pour les prendre en charge. La loi de 2005, c'est malheureusement la réalité, n'est pas appliquée concernant les enfants autistes, et les progrès du troisième plan sont encore très insuffisants.

À supposer que l'on ouvre des établissements supplémentaires, nous n'avons pas les personnels formés, car les universités et les autres établissements d'enseignement français forment encore à la psychanalyse. Il faut dresser la liste des établissements qui continuent d'imposer des formations en décalage avec les recommandations de la HAS.

Il y a encore aujourd'hui des cas de maltraitance d'autistes adultes, enfermés dans des conditions indignes. Parmi les pratiques inacceptables, il en est une que nous dénonçons depuis longtemps : le packing. Cela fait quatre ans que la HAS en demande l'interdiction, et ce n'est toujours pas fait. Pouvez-vous nous assurer que 2016 donnera le coup d'arrêt au packing ?

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