Je voulais à mon tour vous interroger sur votre perception de cet outil dont s'est doté le Gouvernement pour lutter contre la pauvreté des jeunes : la garantie jeunes, mise en oeuvre plutôt par le ministère du travail. Nous étions dans une phase d'expérimentation, mais quel est votre sentiment ? Comment envisagez-vous cette généralisation ? Elle n'est en tout cas pas hâtive car il y a urgence.
Je veux aussi appeler votre attention sur le modèle économique qui sous-tend la garantie, c'est-à-dire cet accompagnement pour un montant de 1 600 euros. Cela peut paraître beaucoup, mais cela ne l'est pas pour les missions locales, qui mettent le dispositif en oeuvre. Il existait déjà un dispositif d'accompagnement renforcé, financé à hauteur de 1 500 euros, mais il ne comprenait pas cette phase d'accompagnement collectif de six semaines. Il ne faudrait pas que la généralisation contribue à assécher les autres dispositifs ; je pense notamment au fonds pour l'insertion professionnelle des jeunes (FIPJ), qui permet de traiter des situations, finançant ici un permis de conduire, là une aide, et à toute une série d'aides dont bénéficiaient les associations sur le terrain.
Et quid du sort des mineurs isolés lorsqu'ils atteignent la majorité ? Ils ne sont alors plus pris en charge par les conseils départementaux. Finalement, ils peuvent être accompagnés dans le cadre de la garantie jeunes et percevoir l'allocation, mais ils ne peuvent ni travailler, ni entrer en formation. C'est un problème délicat.
Question beaucoup plus générale, quel est votre point de vue sur l'individualisation des minima sociaux ? Si on les regroupe, pour avoir un socle et des déclinaisons, la question va revenir, car certains minima sont familialisés, et pas d'autres.