La possibilité d'entamer une procédure d'adoption, qu'elle soit simple, plénière ou conjointe, fait partie de ce combat pour l'égalité. J'y suis bien évidemment sensible, et je m'oppose à ceux qui prétendent qu'une telle possibilité serait dangereuse. Je m'oppose à ceux qui font semblant d'ignorer le processus long, contrôlé et sécurisé d'une demande d'adoption et qui alimentent les peurs et la division de notre société.
Oui, mes chers collègues, l'égalité ne saurait trouver sa place dans une société divisée. Nous construisons, ici, la fraternité d'aujourd'hui, en pensant que la reconnaissance en droit de chacun dans ses choix de vie est la meilleure garantie de l'épanouissement individuel et de l'épanouissement de la société. Personne n'a l'autorité suffisante pour confisquer une valeur aussi fondamentale que la famille. Personne ne peut prétendre avoir le monopole du coeur.
Nous construisons également la fraternité de demain, parce que la seule certitude, la seule garantie qui s'offre à chaque citoyen de sa naissance à sa mort, c'est que notre République s'engage à ses côtés pour sa protection, sa sécurité et son épanouissement. Si notre République manque à ce devoir, si nous laissons les liens parentaux se construire en dehors du cadre de la loi, alors nous rendrons des parents, des enfants et des familles vulnérables. Nous créerons, en conscience, de l'injustice.
Monsieur le président, mesdames les ministres, mes chers collègues, nous avons une responsabilité : celle de ne pas batailler pour obtenir, demain, la société à laquelle chacun de nous aspire individuellement, mais celle à laquelle chacun de nous aspire collectivement. Par collectivement, j'entends celle que nous avons à définir ensemble. Ce doit être une construction solide pour résister aux égoïsmes et aux passions individuelles. À ce titre, les enfants méritent que la société les protège et les accompagne dans leur construction physique et morale. Cela vaut quelle que soit leur naissance et quels que soient les choix personnels de leurs parents.
Le bon sens, la raison et l'intelligence nous conduisent à cette loi. C'est une loi protectrice, animée par notre aspiration à l'égalité, et nourrie par nos valeurs républicaines. C'est une loi juste, fraternelle et protectrice. Soyons dignes de ce pays, un pays qui a choisi le changement, un pays qui attend le souffle du printemps pour se réinventer, le printemps des droits, comme l'a dit si justement Bruno Le Roux, président du groupe SRC. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)