Le problème principal est la confiance que les citoyens, que nous représentons, accordent désormais aux banques. Or vous vous montrez plutôt satisfaits de la résistance dont les banques françaises ont fait preuve face à la crise, dont on a même pu lire qu'elle n'avait rien coûté à l'État – alors que le sauvetage de Dexia nous a fait débourser 5 milliards d'euros, sans compter les 40 milliards de garantie de l'État français. Les Belges sont d'ailleurs très mécontents car les difficultés auxquelles les expose Dexia, bien supérieures aux nôtres, résultent en partie de ce qui a été fait en France. Par ailleurs, la Société générale a coûté 5 milliards de dollars au contribuable américain. Il n'y a donc pas lieu de se féliciter de notre modèle et la moindre des choses serait de le reconnaître, pour rétablir la confiance.
Par ailleurs, si la véritable cause de la crise est le risque immobilier, nous ne sommes pas passés loin du gouffre puisqu'en 2007, le président Sarkozy vantait les crédits hypothécaires à risque.
Pour montrer que l'activité de marché est nécessaire au fonctionnement de l'économie réelle, vous citez toujours, de manière convaincante, la protection contre le risque de change. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt – c'est-à-dire nombre d'autres activités, dont la complexité n'est pas de nature à instaurer la confiance.
Le principal argument invoqué est la compétitivité : nos banques seraient trop petites. Elles ne le sont pourtant pas plus que Goldman Sachs ou Morgan Stanley, sans parler de l'Allemagne, déjà citée. Quelle serait donc aujourd'hui, selon vous, la taille critique d'une banque ?
Enfin, prenons garde aux hedge funds, qui portent des opérations extrêmement risquées, particulièrement ardues à comprendre, et dont il faut se mettre à l'abri.