Comme vous, Messieurs, les actionnaires ou les sociétaires des entreprises que nous représentons sont très préoccupés par les risques qui pèsent sur l'équilibre de l'économie et l'avenir de notre pays. Il est indéniable que les récents problèmes économiques ont perturbé les banques.
On ne peut affirmer que les banques ne détiennent pas de dette souveraine et n'ont pas vocation à le faire alors que les textes relatifs aux ratios de liquidité nous imposent de détenir des titres liquides, parmi lesquels ils recommandent explicitement les titres de dettes souveraines.
Quant aux hedge funds, dont on parle beaucoup – un peu à tort et à travers, les uns se comportant de manière plus civilisée que d'autres –, leur rôle dans la vie économique est important et appelé à se développer encore. En effet, pour accompagner la croissance française en contribuant aux investissements réalisés, nous devons accorder des crédits, ce qui suppose que nous disposions de liquidités. Ces liquidités nous sont apportées d'une part par l'accès au marché financier, qui est limité, d'autre part par l'épargne déposée sur nos comptes, qui va diminuer puisqu'elle va être plus lourdement taxée. Dès lors, de deux choses l'une : soit nous donnons un coup d'arrêt aux crédits pour équilibrer crédits et ressources, soit nous transférons des crédits à l'extérieur, c'est-à-dire essentiellement à des structures de gestion d'actifs et à des hedge funds.
Au Crédit agricole, l'activité de marché représente 7 à 8 % de l'activité selon les années. À propos de Groupama, vous évoquez le Crédit agricole, mais il a failli non pas sur les marchés, mais en reprenant une banque de détail en zone euro, et plus précisément en Grèce.
Faut-il aller plus loin que le projet de loi ? Si nous vous demandons de le reporter à 2017, c'est parce qu'il bouleverse déjà fortement nos équilibres. On peut comprendre que vous soyez tentés de pénaliser des banques qui ont, selon vous, fait beaucoup de mal. En réalité, nous accompagnons quotidiennement nos clients, nous finançons l'économie, nous conservons pendant quarante ou cinquante ans l'épargne qui nous est confiée. Nous ne pourrons plus le faire si l'activité de tenue de marché est encore plus nettement coupée des autres. Ce n'est pas une menace : c'est la réalité. Nous nous adapterons naturellement à tous les textes qui pourront être votés, mais il ne faudra pas s'étonner dans deux ou trois ans des conséquences qu'ils auront entraînées.