Que reste-t-il du projet de loi travail ? Pas grand-chose : une coquille vide dont la plus grande partie servira à inverser la hiérarchie des normes du code du travail. C’est bien peu ! Certains points de l’avant-projet de loi ont été conservés, mais principalement ceux qui font plaisir aux syndicats : les 20 % d’heures de délégation supplémentaires, l’avis du délégué du personnel avant le reclassement d’un salarié ou encore l’extension du compte personnel d’activité qui ne représente rien d’autre qu’une plate-forme en ligne qui s’annonce tentaculaire et dont la réalisation promet d’être très compliquée. À l’inverse, le plafonnement des indemnités prud’homales a été remplacé par un barème facultatif, alors même que le 18 février, madame la ministre, vous en vantiez les mérites pour faciliter l’emploi.
S’attaquer aux rigidités du marché du travail en France sans toucher aux 35 heures ni aux seuils sociaux, c’est laisser des miettes sur lesquelles on ne peut plus fonder de réel espoir pour créer de l’emploi. L’apogée du grotesque a été atteint lorsque le Premier ministre a mis sur la table, au mois dernier, la surtaxation des CDD. Ce serait une idiotie sans nom ! Non seulement taxer tout ce qui bouge ne fonctionne pas, mais surtout, ce n’est pas en taxant les CDD que vous obtiendrez plus de CDI ; vous n’aurez ni l’un ni l’autre.