C'est la quatrième audition que nous menons à la suite de quatre événements concernant la situation d'EDF : la sortie du CAC 40 ; le droit d'alerte économique utilisé, de façon unanime, par le comité d'entreprise ; le rapport de la Cour des comptes sur la stratégie internationale d'EDF ; et la démission de son directeur financier.
S'agissant de votre démission, Monsieur Piquemal, vous avez dit qu'il n'était pas question pour vous d'alerter l'État actionnaire, car cela aurait été de votre part un manque de loyauté vis-à-vis de l'entreprise. Lorsque nous l'avons interrogé à ce sujet, le ministre nous a dit que la démission du directeur financier d'EDF était – je cite – « une décision personnelle, sur laquelle il n'a fait strictement aucun commentaire officiel. EDF étant une société cotée, il est d'autant plus important de ne pas faire dire à son ancien directeur financier ce que d'aucuns lui ont fait dire ». Depuis votre démission, l'État actionnaire a-t-il cherché à connaître, en vous contactant directement, les raisons de celle-ci et votre point de vue sur ce dossier ?
En ce qui concerne la consolidation, vous avez expliqué l'évolution du dossier entre le projet initial de 2013, avec la garantie du Trésor britannique, et un scénario de consolidation dans le bilan d'EDF – qui n'est pas, par ailleurs, le scénario sur lequel s'est prononcée la Cour des comptes. Outre la question du calendrier, je souhaiterais savoir s'il s'agit d'une consolidation à 100 % ou à 66 %. Pourriez-vous également revenir sur la façon dont l'intégration d'Areva NP dans EDF change la donne sur cette question de la consolidation ?
En ce qui concerne les risques, vous avez été très clair. Je reviendrai sur le risque industriel lié à l'absence de retour d'expérience sur l'EPR.
Par ailleurs, vous n'avez peut-être pas assez développé la question du caractère intenable du calendrier.
J'en viens aux risques financiers.
Pouvez-vous confirmer que le contrat pour différence ne comporte pas de garantie en termes de volume ?
Selon certaines informations, l'accord avec la partie chinoise serait déséquilibré et les risques financiers liés à un dérapage de calendrier seraient supportés exclusivement par EDF. Qu'en pensez-vous ?
Que pouvez-vous nous dire sur la rentabilité du projet, estimée à 9 %, mais dont on dit qu'elle pourrait descendre à 7 % ?
Enfin, pensez-vous qu'il faille arrêter l'EPR ? Cela m'a amusée d'entendre dernièrement un ancien Président de la République donner des leçons sur l'avenir du nucléaire, alors qu'il est à l'origine de la décision concernant Flamanville, laquelle a conduit au dérapage financier et industriel que l'on connaît…
J'ai, depuis deux ou trois ans, la conviction qu'EDF devrait avoir à l'export, en termes de réacteurs, un nouveau produit qui ne soit pas l'EPR.
Comment peut-on expliquer cet aveuglement, cette fuite en avant, ce refus de reconsidérer objectivement le projet Hinkley Point, malgré toutes les données qui plaident en ce sens ?